vendredi 23 août 2013

L'hostilité en soliloque



De mon soupirail
Au ras du trottoir
Par bribes les sons de la vie
Des Autres me parviennent.
Souliers traînants leur fatigue
Et Talons décidés

Qui claquent et remontent
L'épine dorsale du Tout
Du rien
Et tout cela,
Malgré cela, tient.

Tous leurs pôles anonymes
Forment ce dont je ne suis plus
Aux pas approchants
Je plisse les yeux
Afin de pouvoir distinguer
Et alors défilent leurs hypothétiques visages

Affaissés Mornes Joviaux occupés
Engageantes physionomies du flux
Qui bat
Les points espacés
De l'itinéraire incorporé
Reliés à leurs quais

Ces corps forment une masse
Que je voudrais parfois rejoindre
En faire aussi parti
Rien qu'encore une fois

Pour prendre la décision
Le soir venu
Tendu dans l'attente
Dans la file qui promet
La satiété

La boule de mots
Au fond du larynx
Comme je la voudrais flèche
Vite s'en déprendre
L'expulser un peu plus haut
Jusqu'à eux
Leurs souliers occupés
Leur banqueroute niée
Que sautent ces trottoirs
Trop inutilement parcourus

Refroidis élans




L'oeil de la corneille
Capte Essore Agrippe
et Déchire
Le lit de la rivière
Où jouent de nus enfants
Desquels ruisselle l'eau froide
Qu'ils ne sentent plus telle

Échaudés par les jeux
Oubliée la première timidité
De leur corps frêle et livré
À d'autres qu'eux
À leurs cruelles
Langues agiles qui claquent
Aussi leurs paumes sur la surface

Chaque jour d'été qui passe sur leur jeunesse
Fait le désespoir de la corneille
Aux proies empêchées de se montrer
De se trahir
Sur les galets déplacés

L'oiseau portant
Pressent les bancs à rejoindre

Au centre de la cour
Les deux marronniers
Les bogues que l'on poussera
Avec précaution
Du bout des sandales

Le cœur serré
Craie aux oreilles
Et les paumes cette fois
Sur du papier quadrillé
La litanie des règles de grammaire
Les fenêtres fermées
Les corps habillés

Tout cela ensemble
Dans un unique mouvement

Et la corneille patiente
Bénira alors

Le Grand Enfermement


lundi 19 août 2013

Carcinome



Le procès-verbal organique
Précis
Concis
Incise la tête aussi
La frise soudainement lointaine
Et effiloche au grand galop
Les fragiles souvenirs collectionnés

Le trou béant de l'a-venir qui vous prend

Trois à six mois
Farouche prononciation
Combien de pardons à délivrer
À obtenir avant la fin du bout
À différer
À espèrer
À respirer plus court

À épier l'arbre à papillons
Se faire 
Grappiller couché
La plupart du temps
Poitrine comprimée
Bientôt des tremblements
Comme l'autre fois
Donnez-moi cette poire
La morphine
Et le pardon

dimanche 18 août 2013

Calvaire




D'ici
Et de sitôt
Le calvaire de 
Locqmaria (la Petite)
Offre son flanc
Graniteux
Aux caprices ventus
Formant un Opaque miroir
À l'épaisse
(Cadavérique)
Brume posée en grappes de linceuil
Et qui, vive comme le chagrin,
Va rejoindre sa
Jumelle en carrière tout autour
Du lavoir disposée
Dont l'eau claire -
Comme la peine apesantie, aux cœurs agrippée - fait fermer
Leurs paupières aux lavandières
Saint-Antoine en
Bandoulière
Aux si lents mouvements
Qu'elles-aussi
Lissées par les larmes
La rudesse et 
La cherté
De l'existence par ici


À mille lieux de cette ville dangereuse
Où se forment déjà de violentes factions
Et que, si lourds de perte
L'on ira agonir à Notre-Dame de la Haine
Pour tenter de s'illusionner sur le fait
D'être bientôt en mesure de revenir
Pareil à l'écume, légère à la surface du flot
Et qui souvent s'accroche
En dansant
sur le flanc
Graniteux
Du calvaire de Locqmaria (la Petite)
Et qui, d'autres fois, musarde
Sur des lèvres
Par l'espérance animées

Saint-Antoine
Au goût de sel