"Il appartenait à cette légion innombrable et multiforme d'individus
triviaux, de ratés sans énergie et de personnages entêtés et de sots
dont la demi-instruction mal digérée les pousse à s'accrocher
instantanément à la dernière idée à la mode pour la ravaler aussitôt,
tourner en un clin d’œil en caricature tout ce qu'ils servent parfois
même le plus sincèrement du monde".
"Une vraie douleur est capable de donner de l'intelligence à un imbécile, toujours pour un temps, naturellement".
"Pourquoi ne pas dire franchement, tout de go, ce qu'on a dans le cœur, si on sait qu'on ne parlera pas en pure perte ? Autrement, chacun se donne des airs d'être plus farouche qu'il n'est en réalité, comme si on craignait de déflorer ses sentiments en les exprimant trop vite".
"Quand je vais vers les gens, il me semble que je suis le plus vil de tous, et que tout le monde me prend pour un bouffon ; alors je me dis : « faisons le bouffon, je ne crains pas votre opinion, car vous êtes tous, jusqu’au dernier, plus vil que moi ! » Voilà pourquoi je suis bouffon, par honte, éminent père, par honte. Ce n’est que par timidité que fais le crâne. Car si j’étais sûr, en entrant, que tous m’accueillent comme un être sympathique et raisonnable, Dieu, que je serais bon !".
Signalons, parmi les innombrables travaux suscités par cette œuvre colossale :
M. Bakhtine, La poétique de Dostoïevski, Le Seuil, coll. Points-Essais, 1988. 1ère Ed. en France : 1970, chez L'Age d'Homme.
J. Frank, Dostoïevski. Les années miraculeuses (1865-1871), Solin-Actes Sud, 1998. Une biographie qui revient sur une période féconde, malgré des conditions matérielles souvent très délicates (l'auteur est régulièrement payé à la page). Ainsi, Crime et Châtiment, L'Idiot, L'Eternel Mari ou encore Les Démons, prennent encore du relief.
Ressource sonore et visuelle :
Sur les podcasts de France Culture, cet entretien avec André Markowicz (centré sur L'Idiot, dont le Livre Premier fut écrit en deux semaines), qui a excellement retraduit Dostoïevski pour Actes Sud. Ces traductions mettent en avant la dimension orale de l'écriture dostoïevskienne, gommée par les précédentes traductions, dans la volonté d'en faire un "Balzac russe", afin d'en faciliter la réception auprès du public lettré. En effet, la comparaison des traductions est parfois saisissante.
Dans cet entretien, le traducteur évoque aussi la place, décisive, semble-t-il, des dessins dans le processus d'écriture de Dostoĩevski.
Image issue de la page "Archives théâtre", de l'académie de Lyon. |
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