Un pauvre à l'audience.
Quand un chômeur se fait rappeler ses "droits et devoirs", et que cela est si rude qu'il est nécessaire de le maquiller d'un peu de fiction.
La scène se déroule dans un austère
bâtiment administratif qui abrite une sous-section des Affaires
générales aux Subsides. Le pauvre y a été convoqué afin qu'il
rende des comptes sur, justement, sa condition de pauvreté, que les
dirigeants de la sous-section, constituée en Bureau extraordinaire
des Subsides, estiment s'éterniser indûment.
Les protagonistes en sont :
- Le Président du Bureau des Subsides
(désigné par PB)
- L'Assesseure (désignée par A)
- Le pauvre (désigné par sa condition)
PB : Alors, écoutez,
le mieux donc, c'est d'entrer dans le vif du sujet...
Moi, je reçois de temps
en temps des personnes... pour « faire le point ». Donc,
« faire le point », ça veut dire quoi ? Ça veut
dire, effectivement, s'interroger (un temps), à partir des
éléments qu'il y a dans le dossier. Moi je vous connais pas, hein
(baisse la voix)... La question principale,
enfin on peut partir de là, c’est que vous êtes dans le
dispositif depuis 2004 (appuyé, un temps)... d'accord ? Ça
fait huit ans. Alors, tout de suite, j'annonce la couleur, c'est
absolument pas un reproche (un temps). C'est clair dans ma tête, y a
pas ça. Simplement (appuyé, un temps), depuis 2004, donc ça fait
quand même huit ans.
Le pauvre : Hum, hum
(ton qui tente de masquer l’inquiétude).
PB : Et ça fait
huit ans, c'est très long (un temps)...
Le pauvre : (Le coupe) Je
trouve aussi.