Repasser par les points
dérisoires d'une trajectoire personnelle minable, où l'on passait
déjà il y a cinq ans. Il y a dix ans. Il y a quinze ans. Une vie à
dé-faire, d'en-dessous en tordre les plis. Que les bifurcations
soient prises.
Repasser par cette gare,
et cette fois y entrer. Les pieds sur le quai. Se regarder partir
vers des possibles avortés, si lointains qu'on ne se souvient plus
de leur éventualité. S'accélèrent les souvenirs du paysage
défilant planqués par le reflet du visage. Multitude des moments
vécus et arrivés là. Scansion-temps.
Le surplace. La
stagnation. Le point mort des aspirations, forme nœud et dans l'eau
à croupir que même les chats, pourtant friands, délaisseraient. Pendant un instant,
dégoût aperçu dans la pupille se plissant. On cligne des yeux. Raté, c'est encore là.
Leur dégoût résonne
dans le vieux hall.
Multitude de vies vécues
et pas encore arrivées. Eux prennent le temps, mais ne le sentent
pas s'écouler, pourtant de toutes parts ces yeux-là piquent de cruauté.
De gratuité.
On sent la force du
volume qui se déplace dans un tintamarre de fer et d'acier.
Voix d'automate et talons
qui s'animent, disciplinés.
Le soulagement craque alors et fuse de
partout.
La nuée de leurs paroles
sous la verrière s'amplifie revient s'échouer sur le quai et remonte encore. Scansion-temps.
Les regards comme un seul
homme scrutent à peine les numéros et déjà
Ils s'activent et bientôt
la grappe disparaîtra.
Fractions de seconde et
le silence à vite attraper.
La faim, c'est pas si
insupportable qu'ils le croient
Le plus insupportable
c'est le temps.
La scansion-temps
Lente et profonde.
Comme une brûlure
d'acide.
Et toujours à rester là.
À repasser par ces
points dérisoires.
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