samedi 28 septembre 2013

Repasser par les points



Repasser par les points dérisoires d'une trajectoire personnelle minable, où l'on passait déjà il y a cinq ans. Il y a dix ans. Il y a quinze ans. Une vie à dé-faire, d'en-dessous en tordre les plis. Que les bifurcations soient prises.

Repasser par cette gare, et cette fois y entrer. Les pieds sur le quai. Se regarder partir vers des possibles avortés, si lointains qu'on ne se souvient plus de leur éventualité. S'accélèrent les souvenirs du paysage défilant planqués par le reflet du visage. Multitude des moments vécus et arrivés là. Scansion-temps.

Le surplace. La stagnation. Le point mort des aspirations, forme nœud et dans l'eau à croupir que même les chats, pourtant friands, délaisseraient. Pendant un instant, dégoût aperçu dans la pupille se plissant. On cligne des yeux. Raté, c'est encore là.

Leur dégoût résonne dans le vieux hall.

Multitude de vies vécues et pas encore arrivées. Eux prennent le temps, mais ne le sentent pas s'écouler, pourtant de toutes parts ces yeux-là piquent de cruauté. De gratuité.

On sent la force du volume qui se déplace dans un tintamarre de fer et d'acier.

Voix d'automate et talons qui s'animent, disciplinés.

Le soulagement craque alors et fuse de partout.

La nuée de leurs paroles sous la verrière s'amplifie revient s'échouer sur le quai et remonte encore. Scansion-temps.

Les regards comme un seul homme scrutent à peine les numéros et déjà

Ils s'activent et bientôt la grappe disparaîtra.

Fractions de seconde et le silence à vite attraper.

La faim, c'est pas si insupportable qu'ils le croient

Le plus insupportable c'est le temps.

La scansion-temps

Lente et profonde.

Comme une brûlure d'acide.

Et toujours à rester là.

À repasser par ces points dérisoires.

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