Mon espoir fauché
Quand j'ai dit aux
parents :
« Je veux être
poète »,
J'ai vu s'épanouir leurs
sourcils
Et bien discerné
l'infime
Rétrécissement de leurs
pupilles
Comme l'automne
Qui lentement
Emmène dans son vent
Les derniers soubresauts
De la chaleur d'été
Sur les champs de blé
coupé
La paille rouge comme le
sang
Tendu comme l'arc
Mon espoir fauché
Provoquant courroux
Et nuits sans sommeil
Devenu l'ingrate bête
Qui jusqu'à leur lit
Se faufilant incestueux
De sa langue d'acier les
faire d'effroi frissonner
Ils songeait au lait et à
tous les bienfaits
Qu'ils m'avaient
À moi leur espoir
prodige
Avec constance prodigués
Ce qu'on semblait vouloir
pour moi
C'était le rang commun
Il me fallait apprendre
À guetter les
interstices
Malgré mon espoir fauché
Malgré mon espoir fauché
Pour là seulement
baisser enfin les bras
Et hors de la visée des
miradors
Invisibles vous
quadrillant
Entre statuts et
certificats
La pesanteur de la
naissance
Vous délivrant
quittances d'institutions
Toujours plus
sophistiquées
S'abandonner aux remous
du rivage
C'est un bien vil
échafaudage
Mais quelque soir venu pourtant
Mon espoir fauchéReprendra gouvernail
Les voiles se tendront à nouveau
Et allant vers l'Orient
Loin des rôles et des masques des jours
Contre le vent des faucheurs d'espoir
Je leur reprendrai mon espoir
Et les lécherai d'une langue vermeille
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire