Repos
Je me repose dehors à la levée du jour
C’est à dire entre jour et nuit
Quand le noir de la nuit
Devient gris
Puis sensiblement
Violet
Les bêtes bruissent
Les aboiements au loin
Les contours des arbres se dessinent
Dans le noir du presque nuit
Du déjà gris
Péroraison de petits volatiles tranquilles
Avant le ronflement du grand mouvement
Sur le périph
Doux repos d’avant les visages humains
D’avant les corps humains
D’avant la voix humaine
Sentir l’air sur le crâne
Ne pas lâcher l’immaculée naissance du jour
La maintenir en pensée la capter l’enfouir dans le regard
Pas encore souillée par les mouvements humains
Les gesticulations et l’incontinence verbale
Bien faites pour donner un air de sérieux
Aux puériles activités
Ça y est
Les volets claquent
On devine l’implacabilité de la nouvelle journée
Bruits d’eau
Toux
Les cafetières tournent
Les moteurs tournent
Les cerveaux tournent
Les volants vont tourner
Les pieds vont marcher piétiner ratiboiser cette belle journée
Toutes unités centrales allumées
Toutes les paires d’yeux rivés sur les écrans
Les conversations avortées entamées terminées
L’ordre du jour des réunions
On peut dire que la plupart des activités consisteront bientôt uniquement
A concevoir
A distribuer et à vendre du papier toilette
Il sera bientôt interdit de penser à autre chose
La belle journée que je vais passer à
Me reposer
Je vais même laisser
La télévision me regarder
Parce que je suis fatigué
Et que je dois bien me reposer
C’est ce que le médecin a dit
Il faut bien vous reposer
Car vous avez trop souvent envie de pleurer
Et contre les larmes faut éviter la contrariété
Surtout il faut bien vous reposer
Parce que vous pourriez exploser ou imploser
Je ne peux pas me prononcer
Sur la nature de la déflagration
Ce dont je suis certain
C’est qu’il faut vous reposer
Participation aux ateliers d'écriture de Laura Vasquez.
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