dimanche 24 mars 2013

Dans les cales du monde social. Acte Unique et sans terme : Scène 3


Un pauvre à l'audience.

Quand un chômeur se fait rappeler ses "droits et devoirs", et que cela est si rude qu'il est nécessaire de le maquiller d'un peu de fiction.


La scène se déroule dans un austère bâtiment administratif qui abrite une sous-section des Affaires générales aux Subsides. Le pauvre y a été convoqué afin qu'il rende des comptes sur, justement, sa condition de pauvreté, que les dirigeants de la sous-section, constituée en Bureau extraordinaire des Subsides, estiment s'éterniser indûment.

Les protagonistes en sont :

- Le Président du Bureau des Subsides (désigné par PB)

- L'Assesseure (désignée par A)

- Le pauvre (désigné par sa condition)



PB : Alors, écoutez, le mieux donc, c'est d'entrer dans le vif du sujet... Moi, je reçois de temps en temps des personnes... pour « faire le point ». Donc, « faire le point », ça veut dire quoi ? Ça veut dire, effectivement, s'interroger (un temps), à partir des éléments qu'il y a dans le dossier. Moi je vous connais pas, hein (baisse la voix)... La question principale, enfin on peut partir de là, c’est que vous êtes dans le dispositif depuis 2004 (appuyé, un temps)... d'accord ? Ça fait huit ans. Alors, tout de suite, j'annonce la couleur, c'est absolument pas un reproche (un temps). C'est clair dans ma tête, y a pas ça. Simplement (appuyé, un temps), depuis 2004, donc ça fait quand même huit ans.

Le pauvre : Hum, hum (ton qui tente de masquer l’inquiétude).

PB : Et ça fait huit ans, c'est très long (un temps)...

Le pauvre : (Le coupe) Je trouve aussi.


PB : (en poursuivant sa phrase) ça veut dire que ce que moi, j'ai envie de faire : il faut qu'on arrive à comprendre (un temps),ce qui se passe, de façon (un temps) à ce que ça puisse évoluer. Ça veut dire que vous êtes de 1974, donc vous avez quel âge aujourd'hui ?

Le pauvre : 39 ans.

PB : 39 ans. Bon. C'est pas très vieux !

Le pauvre : C'est pas très jeune non plus !

PB : Oui mais enfin moi, j'ai 56 ans, vous voyez ce que je veux dire ? C'est pas pareil. C'est pas vieux. Pour moi, c'est vieux (réfléchit à ce qu'il va dire)... Je veux dire, ce que c'est qu'un adulte aujourd'hui de 39 ans, enfin, pour moi... J'ai une représentation de quelqu'un qui, effectivement, est pas très vieux. Je veux dire, si vous aviez 55 ou 56 ans, justement peut-être que je vous aurais pas demandé de venir...

Le pauvre : Hum, hum (sur la défensive).

PB : … pour qu'on s'explique, vous voyez. Parce que...

Le pauvre : Oui, bien-sûr...

PB : (élève la voix) Non pas qu'on soit fini, mais c'est pas tout à fait pareil (Le pauvre se râcle la gorge et expire). Bon, il faut (appuyé) comprendre un peu ce qui se passe (ton compréhensif), parce que moi, je fais « quelques hypothèses », (silence)... Vous avez un certain niveau intellectuel (Le pauvre est titulaire d'un IUT des Métiers de la banque), c'est clair (ton ferme). D'accord ? Vous avez un certain niveau intellectuel. Vous avez un certain bagage. Mais, je sais pas... et c'est ça dont je veux qu'on discute, parce que l'objectif (appuyé) quand même, de ce rendez-vous, c'est évidemment de vous rappeler vos... devoirs. Mais vous les connaissez. D'accord ? Vous savez qu'à un moment donné, même si c'est pas demain la veille, mais on pourrait être amené, ici, en commission, à prendre une décision un peu raide qui serait : « vous (le désigne du doigt), Le pauvre. ne fait pas (de démarches "actives" de recherches d'emploi) »... Je vous la fais un peu caricaturale, et puis un peu théâtrale... « Le pauvre ne veut pas se bouger ». C'est pas ça que je pense vraiment. « Et bien soit, effectivement, il se met à... il s'y met (silence)... Soit, on peut proposer aux Affaires générales la suspension de ses Subsides ». On en est pas là.

Le pauvre : (Le coupe) Mais ça j'en suis conscient, hein.

PB : Bon, OK ! Donc la question (tape sur la table) principale, j'y reviens, c'est effectivement qu'est- ce qu'on peut (un temps), qu'est-ce que vous pouvez dire (un temps), en dehors des choses que vous avez déjà dit plein de fois ?

Le pauvre : C'est-à-dire (ton de défense) ?

PB : Qu'est-ce que vous pouvez dire...

Le pauvre : Je vois en haut de mon dossier le courrier de l'association. Donc c'est sûr que c'est pas en ma faveur, ça.

PB : Non, mais « pas en votre faveur » (débit rapide) mais...

Le pauvre : (Le coupe) Là, je suis pas d'accord avec ce qu'il a mis, hein. Je l'ai dis hier (l'Assesseure approuve). Et je trouve que c'est vraiment... Enfin il cite deux exemples (en sous-entend la légèreté)...

PB : Oui mais, Le pauvre.... alors... alors justement (débit rapide), je continue encore un tout petit peu...

Le pauvre. : Je veux dire, je suis pas « sélectif » comme il met, quoi, hein !

PB : Je continue un petit peu quand même. J'entends ce que vous dîtes. Mais (appuyé, un temps), si vous voulez, pour moi (pose la main sur sa poitrine, un temps), encore une fois je répète... L'objectif de cette rencontre, c'est quand même de... faire en sorte qu'à la fin de l'entretien, et puis dans les jours, semaines, qui viendront... que quelque chose se soit un peu déclenché, quelque chose se soit un peu, peut-être, éclairé (un temps). Vous voyez ? Parce que... parce que c'est, je veux dire, moi je pense pas que vous n'ayez pas envie de bosser par exemple (débit rapide). Je ne pense pas ça (un temps).

Le pauvre : (à voix basse et en souriant) J'espère.

PB : Je vous dis, je suis... demandez à l'Assesseure...

A : Hum, hum...

PB : Je suis un type règlo', un type honnête, puis je dis ce que je pense. Des fois ça peut-être plus ou moins, mais je dis ce que je pense. (Reprend le fil de son propos) Je pense pas ça. Simplement (un temps), je suis intrigué (découpe le mot, un temps), par le fait que vous ayez un certain niveau, que...

Le pauvre : J'arrive pas à trouver une entreprise...

PB : Et que ça n'embraye pas. Donc moi, je suis intrigué par ça. Et je le dis, ça ne peut pas être simplement le fait de quelqu'un, je pense jamais vraiment ça... de quelqu'un qu'a pas envie de... de bosser. C'est pas ça que je pense. Mais (appuyé, un temps) Mr L. (qui était le responsable du suivi du Pauvre au sein de l'association)... vous dîtes : « je suis pas d'accord ». Admettons. Mais Mr L., je travaille avec lui depuis plusieurs années... Je trouve que c'est quelqu'un qui fait plutôt bien son travail. Et même s'il se trompe un peu, et même s'il exagère un peu, il ne peut pas avoir, pour moi, complètement... il est pas complètement à côté de la plaque. Il exagère peut-être un peu et on peut discuter de ça. Mais vous voyez, là où je veux en venir, c'est : c'est quoi qui fait barrage ? C'est quoi qui fait blocage ?

Le pauvre : Ben, on en parlait hier, mais j'ai pas non plus la réponse.

A : Oui.

Le pauvre : Je comprends pas la situation, parce que je suis en recherche active, je me démène malgré ce qu'il met... Je suis pas « sélectif », je me complais pas dans ma situation, c'est clair. J'ai d'autres ambitions qu'être à 410 euros par mois... Mais je sais pas, y a rien qui avance, malgré des démarches, malgré des candidatures dans tous domaines...

A : Remarquez, quand vous avez passé votre formation de négociateur en marché informatique après vous êtes monté sur Remblais-les-Bains mais il s'est avéré qu'il y avait plus de frais (sourire, attend une réponse)...

Le pauvre : Ben en fait, j'ai rien gagné. J'ai perdu de l'argent, oui.

A : Oui.

Le pauvre : Parce que là, d'ailleurs, je me démène en ce moment, pour trouver une plateforme ici pour travailler comme indépendant. Mais, même en étant indépendant, c'est-à-dire pas de salaire, rien, j'arrive pas à trouver d'agence, quoi. Hormis, peut-être pour une, parce qu'ils sont en phase de recrutement, donc je suis en attente par rapport à eux. Mais sinon, c'est très, très dur ici, hein.

PB : Est-ce que vous avez déjà imaginé pouvoir partir de la région ?

Le pauvre : Je pense qu'il faudra partir d'ici, parce qu'ici (il souffle)... niveau informatique, je pense qu'il y aura pas d'évolution. Mais bon, Remblais-les-Bains, c'est vrai que c'est des frais, c'est compliqué, c'est (il inspire, silence de 2 secondes)... Donc je sais pas ! Mais, à terme, c'est vrai que si ça évolue pas, que je trouve pas dans l'informatique ici, je vais... je vais partir, quoi (baisse la voix)... parce que là (tape sur la table)... Je vais pas attendre des années et des années pour rien.

PB : « Vous n'attendez pas les années »? On va dire que si ! Ça fait (pose sa main sur l'épais dossier du pauvre et joue des doigts dessus)... huit ans, que vous attendez...

Le pauvre : Oui pardon. Non, mais là, je parle niveau informatique (voix forte).

PB : J'ai bien compris, mais...

Le pauvre : Mais c'est sûr, je stagne depuis mon arrivée ici, hein.

PB : Vous êtiez où avant ?

Le pauvre : J'étais sur U.

PB : Sur U. Et, qu'est-ce qui vous a amené ici ?

Le pauvre. : Euh, ben euh, diverses choses.

PB : Je suis pas de la police (rire) !

Le pauvre : En fait, je suis venu d'ailleurs, pour faire l'IUT Métiers de la Banque (de 1995 à 1998), à l'époque. Mais bon le problème, ce que n'étant pas d'ici, je l'ai fait par apprentissage, mais je l'ai pas fait dans une banque au sens strict. Donc déjà, c'est vrai que je partais pas du bon pied. Je l'ai fait dans une caisse coopérative, donc déjà, c'était un petit peu frein, mais bon. Après c'est vrai qu'il y a rien qui s'est enchaîné, et euh (il souffle)... c'est effrayant quoi.

PB : Donc, vous êtes venu ici pour... suivre une formation ?

Le pauvre : Voilà.

PB : OK.

Le pauvre. : On va dire ça.

PB : Mais, vous, vous êtes venu ici, mais vos parents y étaient déjà ?

Le pauvre : Euh, mon père était ici.

PB : D'accord. Mais qu'est-ce qui a fait que, oui mais... euh, donc, vous êtes parti, vous êtes revenu ici ?

Le pauvre : Oui.

PB : Et tout ça, pour vous, c'était logique quoi ? C'était... vous faisiez quoi sur U. ?

Le pauvre : Euh, en fait j'ai fini mes études, donc...

PB : C'était des études de quoi, déjà ?

Le pauvre. : Euh, ben en fait avant, j'étais dans la comptabilité (rire silencieux), oui j'étais un peu...

PB : Pourquoi vous riez ?

Le pauvre : Ben parce que c'est vrai que j'ai fait plein de domaines, c'est... c'est dingue, quoi. Et c'est que la comptabilité, comme j'ai pas trouvé à faire un BTS, euh, Comptabilité, et que bon la comptabilité ça me plaisait plus vraiment, je me suis dit : « allez, la banque, ça a l'air sympathique, on va faire ça ».

PB : Et alors ?

Le pauvre : J'ai passé l'IUT et après, ben j'ai pas...

A : Oui.

Le pauvre : Vraiment trouvé d'emploi, non, mais c'est... c'est dingue, hein.

A : À l'époque, vous m'aviez dit : « j'ai passé le mauvais IUT », je me rappelle...

Le pauvre. : De toute façon, toute ma vie, y a eu des... des mauvaises choses, enfin bon (ton las, silence)...

PB : Pourquoi (ton de compréhension et d'intérêt, regarde Le pauvre droit dans les yeux) ?

Le pauvre : Ben, quand on regarde (baisse la voix), c'est vrai que (il souffle)... c'est effrayant, quoi (silence)...

A : Ben, est-ce vraiment...

Le pauvre : (La coupe) Et c'est vrai que j'ai fait des formations, donc j'ai quand même un certain niveau (un temps) mais... j'arrive pas à pouvoir... mettre tous mes acquis en pratique. Ce qui est quand même dingue.

PB : Vous avez fait beaucoup de demandes. Est-ce que vous avez rencontré beaucoup d'employeurs, beaucoup de boîtes auprès desquelles vous avez postulé ? Je veux dire : est-ce que... pour préciser ma question, est-ce que vous avez postuler auprès, depuis huit ans, auprès de cinq, dix, quinze... vingt-cinq entreprises ? Je veux dire est-ce que vous avez fait beaucoup de courriers ? Est-ce que...

Le pauvre : (Le coupe) Courriers... je compte plus, comme les entretiens... Je peux pas dire le compte... C'est vrai que je suis pas bon aux entretiens, donc, ça aussi...

PB : (Le coupe) Pourquoi vous êtes pas "bon" ?

 Le pauvre : (Le coupe) Donc ça aussi, c'est un frein.

 PB : C'est quoi « pas bon aux entretiens » (ton d'insistance) ?

Le pauvre : C'est à dire que... D'ailleurs, plus ça va et moins j'arrive à me vendre (silence)... Parce que bon, voyant le CV, c'est pas évident d'arriver, de dire : « je suis le meilleur, c'est moi qu'il faut prendre".

PB : C'est ce que vous croyez ?

Le pauvre. : (Poursuit son propos) Notamment niveau banques, je parle hein...

PB : Est-ce que c'est ça que vous croyez : que vous êtes le meilleur ?

Le pauvre : Ah ben, non, du tout.

PB : Non ?

A : Ah non...

Le pauvre : Mais bon, c'est pas évident de présenter un CV comme ça où il y a beaucoup de trous, de périodes d'inactivités...

A : Ben oui.

PB : Moi, je suis un employeur, quand je reçois un CV comme le vôtre (a le CV en main), je me dis : « c'est un monsieur qu'a pas travaillé depuis huit ans »...

Le pauvre : Un petit peu quand même...

PB : « Un petit peu » (ton ironique)... Oui (ton très relativiste), enfin, deux mois par an (en tant qu'agent recenseur) ? Oui, mais sur un truc qui n'est pas... Mais non, mais (se penche vers lui et rapproche son visage de celui du Pauvre)... Le pauvre, écoutez-moi.  Je vous ai prévenu, je suis un type un peu, un peu direct, un peu provocant. Je vais vous dire... Le fait de travailler deux mois tous les ans... Tous les ans, vous travaillez deux mois au recensement.

Le pauvre : Hum, hum (il rougit) ?

PB : C'est un truc qui n'est pas très engageant, ça

Le pauvre. : C'est évident, voilà (tape sur la table de dépit, légère suée) !

PB : Ah ben, oui ! On est d'accord ! Donc, c'est pas le truc qui n'est pas, comment dire ? Qui n'est pas très... impliquant ! On vous prend parce que vous êtes dedans. Voilà. Donc du coup, y a pas de... Vous n'êtes pas en difficulté là-dessus, parce que vous savez que, au moins deux mois par an... Vous souriez (rire) ? On dirait que ça vous dit quelque chose... (En réponse aux gestes de protestation du pauvre). Écoutez-moi. Voilà ! Moi, ce que je crois, mais je vais pas vous aider en disant ça (un temps)... Le problème, aujourd’hui on pourrait se contenter de dire, finalement : « vous ne bossez pas depuis huit ans, et puis vous n'y pouvez rien (appuyé)", d'accord ? On pourrait se dire ça. On pourrait se dire : « y a la conjoncture ». C'est vrai.

Le pauvre : Oui, mais bon (sceptique sur l'argument conjoncturel)...

PB : C'est vrai, objectivement, du point de vue de l'emploi aujourd'hui en France, on est dans une situation, y compris en Europe, une situation difficile. On pourrait se dire ça. On pourrait dire : « Le pauvre... ». Alors c'est vrai aussi, « il a pas travaillé depuis longtemps, et puis il a peut-être pas très envie"... Il y a des trucs qu'on pourrait se dire, mais... mais, mais (ton de suspense) : la question, c'est sur quoi VOUS pourriez agir POUR... Parce que des fois y a un petit déclic, un petit changement à l'intérieur de soi... La façon dont on envisage... J'essaye de trouver les mots, c'est pas évident (demi-sourire)... La façon dont on envisage un certain rapport au travail, ou un certain rapport au monde, ou dans les relations, ou etc... Le fait qu'on pense, par exemple, qu'on y arrivera pas. Par exemple ! Là, je parle de façon générale, pas spécialement de vous (signes de négation avec les mains)... Je veux dire que ce qu'on pense dans la vie d'un certain nombre de choses qui nous entoure...

Le pauvre : Oui (désireux d'en savoir davantage) ?

PB : D'accord ? Je pense que ça a une influence, justement, en retour ça produit des effets. Ça veut dire que, c'est peut-être subtil, mais la question de comment on est positionné soi-même, profondément, hein ? Par rapport au travail, par rapport aux institutions en général... Parfois, ça peut constituer une espèce de barrière, une espèce de frein qui fait qu'on ne comprend pas pourquoi ça ne fonctionne pas. Alors que tout est là pour que ça fonctionne... Mais quelque chose (un temps) n'embraye pas. Est-ce que c'est clair ce que je raconte ?

Le pauvre : Oui, non, non...

PB : C'est clair (s'adresse à l'Assesseure) ce que je dis ?

A : Oui. Si, si (sourire, elle soupire).

Le pauvre : C'est pour ça d'ailleurs, qu'au niveau banques, j'ai préféré quitter ce domaine. J'ai dit : « bon, y a plus aucune chance de trouver ». D'où le changement de cap vers l'informatique qui m'attirait énormément.

A : Ben oui, et puis aussi, y a Mr L. qui nous dit, à un moment donné : « Le pauvre veut... ». C'est vrai que ça porte à faux... vous avez fait ça avec cinq ans de retard. Parce que l'informatique, en ce moment (ton sceptique)...

Le pauvre : Et par correspondance. J'ai pas eu le choix (financier)...

A : Oui, mais enfin ça, après par correspondance, vous avez fait des stages sur le terrain, euh...

Le pauvre : Non, mais hier lui (Mr L.), a critiqué la situation, il a dit : « pourquoi vous l'avez pas fait en centre » (débit vif et rapide, ton d'énervement intérieur)...

A : Ben parce que...

Le pauvre : Je lui ai pas dit hier mais... parce que c'était quatre mille et quelques euros et qu'y avait pas de financement, donc euh... il comprend pas ça...

PB : C'était 2100, et... et...

Le pauvre : (l'Assesseure et le PB tentent de parler, il élève la voix, ton de défense) J'ai pas compris hier, pourquoi... il s'acharnait sur moi, quoi, entre les deux exemples (débit vif et rapide)... entre la formation, entre...

A : Oui, mais là, là je veux dire... On avancera pas si on... Peut-être qu'il y a eu des...il, il...

Le pauvre : Mais c'est vrai que oui, je l'ai fait avec cinq ans de retard ! Ça, il a pas tort, hein (baisse la voix)...

A : Voilà. Il est dans un discours à lui, qui est pas... qui est pas tout faux...

Le pauvre : Ah non, non ! Je critique pas (sur ses gardes)... Ah, non, non, là...

A : Moi, quand le PB m'a dit : « bon, ce serait bien de recevoir Le pauvre », j'ai dit oui, parce que moi aussi, j'ai des zones d'incompréhension...

Le pauvre : Mais moi le premier (ton de justification) ! Je comprends pas pourquoi je suis dans cette situation ! Non, moi je comprends pas, parce que je postule (élève la voix), je candidate à tout ! Pas qu'aux choses qui me plaisent (l'Assesseure tente de prendre la parole, il poursuit)... J'attends pas tous les ans le recensement, comme ce qui peut être dit dans le courrier de l'association...

A : C'est une réalité, ça (ton de constat implacable).

Le pauvre : Mais je sais pas...« Délit de faciès » (ton pince sans rire, humour de défense, silence de 3 secondes)... c'est effrayant.

PB: « Délit de faciès » (amusé), par exemple ?

A : Le pauvre a beaucoup d'humour (en riant).

Le pauvre : Ah non là, je plaisante pas. Parce qu'y a quelque chose qui bloque, c'est évident. Mais, je vois pas. Parce que normalement quand on cherche, on trouve au bout d'un moment.

PB : Est-ce que vous êtes un peu « difficile » ?

Le pauvre : C'est ce qu'il y a dans le courrier de l'association (ton de colère).

PB : Non, non...

Le pauvre : Non, « difficile », y a des choses que je peux pas faire.

PB : Oui... Par exemple ?

Le pauvre : Par exemple, j'ai la crainte des plateformes téléphoniques. C'est pour ça que pour « SOS Allo Ordi ?», j'ai pas voulu candidater. Parce que j'aime pas trop le phoning avec le casque et faire ça toute la journée en ayant des gens un peu en panique, je me sentais pas de gérer. Donc ça, il l'a reproché dans le courrier (silence)...

A : On le comprend aussi, en même temps, c'est pas forcément des reproches...

Le pauvre : Sinon, je suis pas « difficile », je suis pas « sélectif », je... j'ai (léger soupir)... non, non, non ! Faut pas croire. C'est pas parce que j'ai un IUT que je veux des emplois de bureau, voilà. Ce que je disais hier, la preuve : là, je vais faire de la mise sous pli administrative. C'est quand même un sale boulot. Onze heures à faire la même tâche, bêtement, euh... pour dire que j'ai plus de... de, de, de (cherche le mot)... comment... je n'ai plus de prétention, quoi, voilà... c'est... Me regardez pas comme ça (sourire gêné)...

PB : J'essaie de regarder le « faciès »(ton ironique), parce qu'il y a un "délit" (ton ironique) !

Le pauvre : Non, j'en suis sûr.

A : Moi je trouve pas, vous savez.

Le pauvre : Ben je sais pas, faut trouver une cause...

PB : Moi je crois, en tout cas, je sais pas ce qui fait blocage, mais stratégiquement (appuyé) par exemple, vous auriez tout intérêt aujourd'hui à trouver un travail, même un travail qui vous branche pas Parce que moi je crois qu'il faut raccrocher (appuyé) avec le monde du travail. Parce que moi la crainte que j'ai, c'est qu'aujourd'hui ça fait huit ans, mais que rapidement ça pourra faire dix ans, quinze ans, vingt ans. Et moi, ce que je crains...

AS : Oui, c'est ça oui.

PB : C'est que malgré vous, vous ne trouviez pas, justement, d'insertion professionnelle... Alors, pour quelles raisons, on a pas fini notre entretien, mais je crois que, stratégiquement, moi j'aurai envie de vous dire : comment faire pour aujourd'hui prendre ce qu'il y a ? Alors, peut-être pas n'importe quoi, parce qu'il y a des choses que vous ne pouvez pas faire, OK. Mais prendre un truc même qui a priori n'est pas forcément folichon... Vous savez, travailler c'est pas très drôle. Travailler, c'est une obligation. Ou bien après on est complètement dépendant, avec très, très peu d'argent... Donc, pourquoi pas aujourd'hui adopter une stratégie qui viserait à... vous remettre, si vous voulez, le pied à l'étrier ? C'est-à-dire ré-enclencher, un peu, un processus dans lequel vous allez retravailler même sur des petites missions, même sur des petites choses, qui a priori, comme ça, ne sont pas... on va dire « prestigieuses ». Mais moi je pense que... il faut s'y remettre. Ça, c'est un premier point. Vous voyez ?

Le pauvre : Ah mais ça, je suis totalement d'accord, hein.

PB : Et ça veut dire (élève la voix, tape sur la table) que là, y a des gens comme l'association, comme les associations intermédiaires...

Le pauvre : J'ai travaillé beaucoup avec l'association intermédiaire, hein.

PB : Peut-être qu'il faut y revenir un peu.

Le pauvre : Oui, mais là je peux plus me réinscrire parce qu’apparemment ils ont déjà pas mal de monde dans mon secteur. Mais j'ai travaillé beaucoup pour eux, j'ai fait plein de choses : de la mise sous pli, des changements d'ordinateurs. Oui, à une époque, j'ai eu énormément de contrats avec eux.

PB : Qu'est-ce que vous faîtes de vos journées (ton abrupt) ?

Le pauvre : Ben, je perds mon temps, pas grand'chose (baisse la voix)...

PB : Non mais je veux dire vous... vous, vous ennuyez ?

Le pauvre : Complètement, oui (baisse la voix)...

PB : Vous avez de quoi faire quand même ? Vous avez internet chez vous ?

Le pauvre : Oui, bon j'ai quand même ça, qui est quand même un outil  important pour rechercher, mais (silence)...

PB : Parce que Mr. L. ne dit pas... peut-être qu'il dit pas que la vérité... mais il...

Le pauvre : (Les coupe) Non, mais je mets pas en doute ce qu'il a mis, mais les deux exemples qu'il ressort (tape sur ses cuisses) c'est le ménage (tape sur ses cuisses)... c'est vrai que je lui ai dit ironiquement : « le ménage, je le fais déjà pas chez moi ». J'ai dit : « bon, il y a peut-être des gens"...

PB : C'est qui qui le fait chez vous  ?

Le pauvre : Personne.

PB : C'est sale chez vous ?

Le pauvre : Voilà (silence de 2 secondes)... Non, pas du tout, je le fais, hein, quand même. Mais je veux dire, bon là c'est des cas extrêmes, quoi.

Le pauvre : Non, mais là c'est vrai, ce que j'ai pas apprécié c'est les deux exemples qu'il a cité.

A : Non mais c'est un peu limitatif, il a... il a...

Le pauvre : Parce que je cherche dans tout (élève la voix) ! Vous pouvez demander à mon conseiller Pôle Emploi... Enfin, « dans tout », évidemment, si on... je peux pas non plus tout faire, mais euh...

PB: Alors, justement... Alors, écoutez, ça va préciser ce que je veux dire... « Un conseiller», qui c'est ?

Le pauvre : Non, mais, je suis conseiller de partout moi (ton las), euh... Alors jusqu'ici, je m'entendais bien avec tout le monde... y a peut-être les gens de l'association avec qui maintenant je ne m'entends plus.

PB : Parce qu'ils vous renvoient des choses qui vous plaisent pas.

Le pauvre : Euh, non, j'ai pas apprécié ce qu'il a mis.

A : Non, mais c'est vrai que vous lui avez dit, ça a été franc.

Le pauvre : Parce que moi, on a toujours eu un bon contact et là hier, c'était que des choses à... à charge. J'ai pas compris, hein.

A : Ben, c'est pas « à charge »... c'est que...

Le pauvre : Ben si !

A : C'est que je crois Mr. L. est aussi dans le... dans le processus que ça fait des années qu'il vous...

Le pauvre : (La coupe) Oui, je comprends sa frustration aussi, d'avoir... puis quand je vois, oui, la taille de mes dossiers partout...

PB : Ça vous fait rire quand même ces dossiers Le pauvre (en souriant et en désignant la pile d'une cinquantaine de centimètres) !

Le pauvre : Ben vaut mieux en rire que (en souriant)...

PB : (Il rit lui-aussi) Non, mais je sais pas...

Le pauvre : C'est ça ou je passe par la fenêtre, quoi...

A : C'est de l'humour... C'est vrai qu'il faisait aussi un constat de... il aimerait... je crois plus que Mr. L. aimerait mettre fin à votre accompagnement Le pauvre...

Le pauvre : Ah ben et moi ? Vous avez tous ces dossiers, là (désignant l'imposante pile)... C'est vrai que quand je vois ces trucs... Moi, j'ai qu'une hâte, c'est sortir de tous ces dispositifs. Faut pas que... Moi, je me complais pas dans ma situation. Du tout, hein.

PB : Non mais... mais par exemple, on pourrait faire une hypothèse... Est-ce que vous croyez qu'il y a des choses, chez les humains, qui leur échappent ? Non, mais je veux dire, est-ce que vous croyez quand on est complètement maître de... nos pensées, de ce qu'on fait, de ce qu'on met en œuvre ? Vous croyez pas ça, vous ? Ou peut-être vous le croyez... Moi, je crois que je suis pas complètement maître ce qui se passe (un temps) en moi (pose sa main sur sa poitrine).

Le pauvre : Ah oui, moi aussi je le pense.

PB : Et vous dîtes, et c'est ça qu'est intéressant ! Vous dîtes : « je fais tout ce qu'on me demande... je vais aux entretiens, j'ai des dossiers partout, j'ai un conseillèr Pôle Emploi, j'ai", etc, bon ! Donc, on peut dire que d'un certain point de vue, c'est pas une bonne piste que de se dire : « vous faîtes pas ce qu'il faut »? Parce que, donc, on peut dire que vous faîtes tout ce qu'il faut. D'accord ? Donc ça, c'est sûr. Vous faîtes tout ce qu'il faut, la preuve (sa présence à l'entretien et l'épaisseur du dossier)... D'ailleurs, ça se voit. Donc la question... La question, c'est : qu'est-ce que vous ne faîtes pas ? Mais du coup, qui serait utile...

Le pauvre. : C'est une bonne question.

PB : Et du coup, moi, ce que je fais comme hypothèse : c'est qu'il y a quelque chose en vous... Je fais pas le psychologue de bétaillère, je n'ai pas d'explication. Si j'avais une explication, je vous la donnerai. Il y a quelque chose en vous, effectivement, qui fait barrage (appuyé, un temps)...

Le pauvre : J'étais en train d'y penser, j'ai pas osé le dire, honnêtement (sourire)...

PB : Chez vous, Le pauvre, comme un certain nombre d'autres personnes, mais y compris moi dans d'autres domaines... Il y a quelque chose qui fait barrage (appuyé, un temps), je sais pas ce que c'est... c'est pas forcément quelque chose de particulier...

Le pauvre. : C'est inquiétant alors.

PB : Non mais, « c'est inquiétant », pas forcément.

Le pauvre : Ben si, attendez (s'anime, inquiet) !

PB : La question, c'est qu'on puisse trouver, non pas une explication rationnelle, mais faut quand même qu'on puisse se dire : « c'est quoi le problème ? Le pauvre est accompagné. Il est accompagné par des gens compétents (un temps)". Vous êtes plutôt bien accompagné, même si l'association, Mr. L. là,  a dit des choses qui vous plaisent pas, vous êtes plutôt bien accompagné (ton ferme ne souffrant pas la remise en question) ! Et si votre situation n'embraye pas, il faut regarder ailleurs. Parce que ça veut dire que... En plus, vous, avec le CV que vous avez, vous avez fait des choses, vous avez fait des formations, vous avez un certain niveau intellectuel. Donc, il faut regarder d'une autre façon. Et moi, ce que je vous invite à faire, c'est deux choses : c'est trouver du taf absolument, là. Mais un peu n'importe quoi, pour (un temps) rembrayer (appuyé), un peu mécaniquement, vous voyez, comme si, allez, même on prend ce qu'y a puis on se pose pas de questions. Mais par contre, s'interroger... sur... qu'est-ce qui pourrait faire barrage ? C'est-à-dire, chez vous...  qui ne va pas donner envie à un employeur de vous recruter. Par exemple, moi quand je vous vois Le pauvre... Je vous ai vu tout à l'heure. La façon dont je vous perçois, je vais vous dire : je perçois, effectivement, quelqu'un qui a l'air un peu sûr de lui. Même si c'est pas complètement vrai, je perçois ça. Je perçois quelqu'un à qui on ne la raconte pas. Vous voyez ? D'accord. Je pense à quelqu'un qui est... un peu dans la défiance, c'est-à-dire... bon... qu'est un peu dans l'humour... et du coup, peut-être que pour certains employeurs, peut-être (ton de réserve) que... ça peut (le desservir)...

Le pauvre. : Oui, j'ai fait peur à certains ! Avec un petit mot d'ironie, ou... Mais ça, c'est ma nature, des fois on peut pas se contrôler...

PB : Non, mais OK... mais vous voyez ce que je veux... Il est pas question de changer de personnalité, vous ne pouvez pas. Mais il est question de réfléchir un peu à tout ça. De façon à, effectivement, au moment où vous avez un entretien avec quelqu'un, que vous pussiez montrer que... et vos compétences mais... Et ce que vous êtes, parce que bon, on travaille avec quelqu'un, avec une personne. Je veux dire si vous êtesentrez un jour dans une boîte, la personne, elle veut : un, que vous sachiez faire ce qu'elle va vous demander, ou ce que le métier exige de vous. Puis, deuxième chose, elle a pas envie,excusez-moi, de tomber sur un mec qui va lui casse les pieds. Parce qu'il va traîner des pieds, parce qu'il va rechigner à faire ça, parce qu'il dira : « oui, mais ça non... ». J'exagère, exprès ! Je caricature exprès pour essayer d'aller un peu où, de mon point de vue, c'est problématique. C'est pas problématique sur... les accompagnements, les machins... Je pense que c'est problématique "autour", je dis pas : « votre personnalité fait problème ». Je pense pas ça. Mais, quelque chose ne fonctionne pas depuis un certain temps. Et il faut essayer d'y remédier. Est-ce que par exemple l'Assesseure vous a proposé le temps de parole avec notre psychologue par exemple ?

Le pauvre : Hum (interloqué) ?? Quoi ? C'est-à-dire (sourire jaune) ?

PB : Non, mais il faut essayer de défaire...

A : J'ai pas proposer, non (voix basse)...

PB : Dénouer... Non, mais c'est une possibilité ! Peut-être que c'était pas à propos. Il y a pas de souci pour moi... Mais tout simplement, on a un psychologue qui est dédiée à... (regards très inquiet du Pauvre). Non, c'est pas parce que je parle de psychologue que vous avez des problèmes graves. C'est la question de qu'est-ce qu'on cherche à savoir de ce qui fait barrage, ou ce qui fait... problème ? Dans le fait de rechercher une insertion pro'. Regarder les inconvénients d'être dans votre situation. Par exemple, vous avez pas beaucoup d'argent ! Ça c'est une situation qui ne vous plaît pas.

Le pauvre : (décontenancé) C'est vrai. Je confirme...

PB : Et pourtant vous vous dîtes : « j'y arrive pas, je sais pas comment faire ». Et pourtant, ça fait huit ans que ça dure... Donc moi, je me dis, quand on prend un peu le taureau par les cornes, c'est une expression : il devrait bien en sortir quelque chose. Or, ça n'avance pas. Donc, il faut peut-être regarder, et peut-être qu'on pourrait s'arrêter là, mais il faut regarder ailleurs ou plutôt faire autre chose, ou en plus, de l'accompagnement strictement socioprofessionnel. Visiblement, ça ne fonctionne pas. Et moi, si ça fonctionne pas, c'est pas que les gens sont pas compétents. C'est pas seulement parce qu'y a pas assez de travail. Y a pas beaucoup de travail... Y a autre chose. Vous voyez ce que je veux dire ?

Le pauvre : Non, je comprends bien...

PB : Je dis pas que vous avez un problème grave !

Le pauvre : Ben, j'espère (sourire de défense) !

PB : Non, mais... ben ça pourrait arriver aussi, mais, bon... je pense pas ça.

Le pauvre : Je suis content d'être venu (sourire) ! Entre ça et le courrier de l'association (sourire de défense, rires des trois) ! Non, mais y a peut-être quelque chose, mais inconsciemment, qui fait que, euh, oui... Oui, ben...

PB : Ben, en tout cas, moi je sais pas. Je sais pas (ton de réserve) !

Le pauvre : Mais c'était évident quand je postulais dans les banques, parce que je me disais mon diplôme est de 1998, il est obsolète, c'est même plus la peine. Maintenant, ils prennent des jeunes. Donc, c'est vrai que j'allais aux entretiens en me disant : « j'ai aucune chance ». Mais là, dans l'nformatique, c'est pas du tout le cas, quoi (baisse la voix)...

PB : Donc, vous admettez... parce que là, y a deux choses : vous dîtes, à l'époque...

Le pauvre : Enfin, « à l'époque »...

PB : Non, mais, y a quelques années, y avait : « je postulais mais y avait pas »...

Le pauvre : Je pensais qu'y avait un blocage, oui. Inconsciemment, je me disais : « j'ai aucune chance, c'est pas la peine », euh...

PB : Donc, vous admettez, c'est intéressant dans ce que vous dîtes ! Vous admettez (parle lentement) qu'à un moment donné (un temps) le fait d'être positionné (un temps) en creux, ou plutôt négativement, par rapport à la chance que vous avez de...

Le pauvre : Hum, hum ?

PB : D'obtenir cet emploi...

Le pauvre. : Oui ?

PB : Vous supposez (ton de réserve)... C'est pas sûr, moi non plus je suis pas sûr, hein, je suis pas un maître. Je veux dire, je fais pas de voyance. Mais, vous admettez le fait de ne pas y croire, pour parler simplement, ça peut influer sur l'entretien ?

Le pauvre : Dans certains cas, je pense que ça a joué, oui.

PB: Hein, ça marche (ton de validation de son hypothèse, sourire) !

A : Oui.

PB : Donc...

A : Tandis que depuis... Alors moi, ce que j'avais vu de positif, c'est que depuis que Le pauvre avait pris en main,, en tout cas, son orientation professionnelle, parce que c'est lui qui a pointé sur l'informatique... C'est quand même vous, c'est pas nous. Et puis après, vous avez été chercher votre formation. Vous avez fait vos stages en entreprises. À ce moment-là, on se voyait quand même assez souvent. Et je vous disais que je vous trouvais avoir une plus grande confiance en vous, que je n'avais pas vu avant. Je trouvais que vous étiez plus affirmé... même, plus "heureux", entre guillemets.

Le pauvre : Ah mais totalement... Moi, dès que je travaille, je suis heureux, que ce soit le recensement, l'informatique !

AS : Non, mais à partir de ce moment-là, vous avez été quand même plus en confiance en vous, et c'est ça qui vous a fait vouloir faire cette formation de négociateur en marché informatique (en 2011, par correspondance)...

Le pauvre. : Tout à fait.

PB : Je reviens, en terme, je veux dire de propositions... Moi, je crois que dans les temps qui viennent, je crois que ce qu'il faut que vous fassiez, c'est essayer de retravailler régulièrement (un temps)... C'est-à-dire même dans des domaines qui vous intéressent pas forcément beaucoup, parce que sinon... si vous refusez, effectivement, un certain nombre de boulots...

Le pauvre. : (Le coupe) Non, non, non, non (ton ferme) !

PB : Je vais finir peut-être, moi, par croire... Ici, on finira par croire qu'effectivement, vous n'avez pas envie. Vous voyez ?

Le pauvre : Non, non, non. Mais l'association, non, non, non. Je refuse pas...

PB : Sans parler...

Le pauvre : Je « refuse » pas ! Je postule. Non, non, non, non. Soit de l'archivage que je... soit... non, non, non, non. Moi, je...

PB : Oui, mais l'archivage, peut-être vous le savez, l'archivage c'est pas forcément facile à trouver.

Le pauvre : Non, mais je veux dire, je suis « sélectif » (le prononce comme un stigmate qu'on lui accolerait), j'ai pas de prétentions , j'ai pas... non, non !

PB : (Le prenant au mot) Vous en avez eu ? Vous en avez eu à une époque ?

Le pauvre. : Ah oui, quand je suis sorti de l'IUT, euh, oui, oui. Oui.

PB : Ça a duré combien de temps ?

Le pauvre: Ah, ça a pas duré longtemps (en souriant), mais euh...

PB : Mais ça a duré combien de temps quand même ?

Le pauvre. : Ça a dû durer un an, quoi. Jusqu'à ce que je ne trouve plus de contrats, quoi, où là, je suis redescendu du piédestal, si on peut dire. Mais (baisse la voix)... Non, faut pas dire que je « refuse » si on me propose des choses ! Non, non, du tout, du tout.


PB : Ça va continuer l'accompagnement avec l'association, là ?

Le pauvre. : Franchement, j'ai plus envie d'y aller, moi. On a refixé un rdv, mais vu ce qu'il (Mr L.) pense de moi, j'ai même plus envie d'y aller.

PB : Écoutez, ce qu'il pense de vous... Il dit, effectivement, qu'il vous trouve un peu « difficile », d'une certaine façon.

Le pauvre : Et c'est ça que je ne comprends pas (ton de conviction), quoi ! Je veux dire...

PB : Si c'est pas vrai, expliquez-lui... Démentez-le, c'est pareil.

Le pauvre : Il cite deux exemples qui datent de...

PB : C'est MOI (ton d'aveu soudain) qui lui est demandé de rédiger ce courrier, Le pauvre... Bon, admettons...moi je préférerais que ça continue (l'accompagnement par l'association)... Vous dîtes que vous ne l'êtes pas, « sélectif » (un temps), moi je vous crois. Pas de problème. Moi, ce que je pense c'est qu'il faut (un temps) essayer (un temps) dans les temps qui viennent, d'aller sur des postes même qui (ton de réserve), à vos yeux (ton de réserve), correspondent pas trop à ce que vous vouliez faire...

Le pauvre : Métiers alimentaires... mais... mais je ne demande que ça, moi !

PB : Oui ! De façon à pouvoir continuer... comment dire ? Embrayer quelque chose. Remettre, un peu, quelque chose en route. Première chose. Et deuxième chose, et qui est peut-être la première : il faut réfléchir sur, effectivement, votre positionnement professionnel. Vous le faîtes avec des conseillers, mais là (un temps) je parle plus, et peut-être ça peut se travailler avec l'Assesseure c'est-à-dire qu'est-ce qui peut faire frein... Mais, votre projet d'être dans l'informatique, moi je trouve que c'est cohérent (appuyé) avec votre parcours. Vous avez bossé un peu dans les banques. Un peu de droit. Vous parlez un peu anglais, enfin, peut-être moins aujourd'hui, je sais pas... Mais je veux dire être dans l'informatique, je trouve que c'est assez cohérent.

Le pauvre. : Moi, je pense que c'est mon domaine, mais il suffit de trouver la plateforme qui acceptera d'être en partenariat avec moi.

Pb : Et ben, là, du coup... faut peut-être démarcher de façon un peu plus soutenue et puis...

Le pauvre : Ah non, mais de toute façon je vais relancer. Tous les mois, j'envoie des CV, des...

PB : Mais les « relancer » ? Vous les rencontrez, les gens ?

Le pauvre. : Ben, j'y suis allé, mais bon, c'est pas évident. Souvent on tombe au mauvais moment, ils ont pas le temps, y a des clients qui font la queue... donc souvent je relance par e-mail. Parce que c'est rapide, c'est simple, mais bon, je pense que huit fois sur dix l'e-mail n'est même pas ouvert mais bon... euh...

PB : Oui, mais voilà... Est-ce qu'il y a du travail dans ce domaine ??

Le pauvre. : Moi, je pense qu'il y en a, oui. C'est qu'ici, les plateformes sont très frileuses à avoir d'autres personnes, c'est-à-dire la concurrence... Parce que sur Remblais-les-Bains, je pense que je trouverais. D'ailleurs, pour le stage, ici, j'ai eu que du négatif. Tandis qu'à Remblais, j'ai eu cinq propositions d'agences, quoi. C'est pas du tout le même état d'esprit. En fait Remblais, c'est beaucoup plus dynamique.

PB : Ben pourquoi ne pas essayer de prospecter sur Remblais-les-Bains ? Avec l'idée que si vous décrochiez quelque chose,  vous vous débrouillez avec le train, voilà.

Le pauvre : Le problème, c'est les contraintes, de temps de trajets, du prix du gazoil, euh...

PB : Le pauvre, écoutez-moi !

Le pauvre : Donc là y a vraiment un frein...

PB : Moi après, je deviens (débit vif) aussi un peu plus raide (appuyé) ! Si, effectivement, vous dîtes qu'à Remblais, ça semble plus ouvert l'informatique et que vous avez peut-être une carte à jouer là-bas, la question des freins, là, du coup, on s'en fout ! Ce qui compte, c'est que ça marche ! Parce qu'une fois que vous avez mis le pied quelque part et que les gens sont contents de vous, et que vous avez des vraies compétences, bon... Peut-être que vous en avez des vraies, vous avez fait une formation. Donc ça veut dire que si vous trouvez un job. Ça veut dire avoir un abonnement pour le voyage... Alors bien-sûr c'est contraignant ! Le matin, il faut partir assez tôt. Et puis le soir, vous rentrez assez tard. Mais puisque vous dîtes que vous aimez travailler, peut-être que c'est un petit "sacrifice", entre guillemets, qui peut être fait. Nous on peut vous aider financièrement.
Au moins le premier mois, pour les trajets... J'ai envie de vous dire : « faudrait savoir ce que vous voulez » ! C'est-à-dire que si, effectivement, sur Remblais-les-Bains, vous êtes sûr (appuyé, un temps), ou quasi-sûr de...

Le pauvre : Complètement (voix basse)...

PB : Trouvez deux, trois trucs, et bien faîtes-le. C'est contraignant de partir tôt le matin en train, ou en voiture, ça coûte cher ! Certes ! C'est contraignant de revenir tard le soir ! Certes ! Mais, mais, mais... si quelque chose se passe, à la vous aurez plus d'argent. Vous savez que si trouvez un job, vous cumulez pendant trois mois les Subsides et votre salaire... Vous aurez le droit à une petite, euh... c'est une sorte de prime, suivant votre salaire. Si vous gagnez 1500 euros, vous n'aurez pas. Vous voyez ? Donc, si vous êtes sûr de vous ! Parce qu'à un moment donné, je reviens sur l'aspect le plus dur des Subsides...

Le pauvre. : Hum, hum (inquiet) ?

PB : C'est que, Le pauvre, moi je vous ai rencontré. Je trouve que vous êtes un homme tout à fait sympathique, et que vous avez des moyens... Si ça (un temps) n'enclenche pas dans les mois qui viennent... À un moment donné, le système va être plus contraignant avec vous ! En vous disant : « écoutez Le pauvre, ça suffit, quoi ! ». C'est-à-dire : « quel jeu vous jouez ! ». Vous dîtes que vous faîtes tout ce qu'il faut mais y a rien qui se passe (silence)... Vous voyez (baisse la voix) ?

Le pauvre : Oui, non, mais ça je comprends la position (débit vif et rapide). Non, mais là, surtout je me suis dit : « bon, c'est l'hiver, on va essayer de rester ici, et on verra après ». Voilà. Dans ma logique, euh...

PB : Pourquoi attendre ? Pourquoi attendre ?! Ça fait combien de temps que vous avez fait cette formation ?

Le pauvre : Très bonne question, j'en ai aucune idée. Ça fait un petit moment quand même.

PB : D'accord, donc c'est il y a pas longtemps. Si vous êtes déterminé à chercher ce boulot (un temps)...

Le pauvre. : Ah non, mais moi, je suis convaincu que c'est Remblais-les-Bains.

BI : Et ben mettez tout en œuvre ! En sachant que moi, je connais pas très bien le marché informatique. Je pense que du monde sur la place, y en a beaucoup. Y beaucoup de gens qui veulent faire ce taf. C'est un travail intéressant, y a beaucoup de technique. Or vous, vous avez fait une formation. Donc avez peut-être un avantage par rapport à quelqu'un qui n'aurait...

Le pauvre : Non, puis j'ai travaillé un petit peu, donc j'ai pu avoir de l'expérience...

PB : Vous avez un peu travaillé. Mais (ton de réserve), vous voyez, je vous dis Remblais, vous me dites "Remblais"... Très bien. Vous nous dites : "là-bas, c'est plus dynamique", et puis tout de suite après, vous dites... Qu'est-ce que vous avez dit ?

Le pauvre. : Rien.

PB : Si. Vous avez dit : « oui mais c'est loin (fait une grimace), y a l'essence, y a les frais (fait une grimace)... ».

Le pauvre : (Le coupe) Non, non, non. La chose, c'est que bon...

PB : (Le coupe) Si, si ! C'est ce que vous avez dit !

Le pauvre : J'ai arrêté en fin d'année dernière, parce que bon, la plateforme, y avait des problèmes. Il y  avait l'usure (de sa voiture), y avait les frais, ça coûtait énormément cher... Donc, je me suis dit : « je vais faire le recensement, je vais essayer de rester pendant l'hiver ici ». Pour après, retourner à Remblais-les-Bains.

PB : Oui, puis le recensement, c'est un truc qui semble ne pas demander trop de temps et d'efforts (rire) !

Le pauvre : Ah ben c'est mon truc, hein, si ça pouvait durer toute l'année...

PB : Ouais, ouais... Ça dure deux mois, quoi (ton de reproche) !

Le pauvre : Hélas... Mais j'ai dans l'idée de retourner sur Remblais-les-Bains, si ça bouge pas ici !

PB : Mais vous pouvez peut-être... C'est pas suivre deux lièvres à la fois, mais vous pouvez à la fois, continuer de faire valoir ici... Entretenir les contacts, les relations que vous avez avec les professionnels, si c'est le cas... Si c'est pas le cas, en essayant d'en créer, de faire valoir ce que que vous savez faire. Et dans le même temps, prospecter un peu sur Remblais, quand même !

Le pauvre : Oui, oui.

PB : Vous voyez, c'est pas incompatible, c'est pas incompatible. Mais c'est sûr que si vous attendez qu'on vienne vers vous... Parce que c'est peut-être ça, aussi peut-être que vous avez envie qu'on vienne vous chercher (ton ironique) ?

Le pauvre : Je suis attentiste, oui (ton blanc de défense) ! J'aimerai bien qu'un employeur vienne frapper, oui. Mais bon, je me fais plus d'illusion...

PB : Non, mais...

Le pauvre : (Élève la voix) Non, non ! Je suis offensif par rapport à l'informatique. Autant les banques, y a un moment, j'ai lâché, hein... Je me disais : « j'ai plus aucune chance »... Que là, je suis pas attentiste, non, non, non (débit vif et rapide). Parce que je relance régulièrement les plateformes d'ici, parce que pour l'instant, j'ai ciblé ici, hein... À tort peut-être, mais... Non, non, là, je suis offensif...

PB : Y a un peu de monde là ici. Bon écoutez, ce qu'on va faire, on va s'arrêter là, dans quelques minutes (l'audience dure encore près de trente minutes). Moi, ce que je vous demande de faire... d'abord de pas arrêter le suivi avec l'association... Vous expliquer...

Le pauvre. : (Lui coupe la parole en soufflant)... Honnêtement, je n'ai plus envie de le voir, parce qu'hier il m'a dit...

PB : (Lui coupe la parole) Le pauvre, c'est moi qui vous le demande ! Vous n'avez pas vraiment le choix, là (silence)... Vous n'avez pas vraiment le choix.

Le pauvre : C'est vrai (surpris et inquiet) ?

PB : Écoutez, faites ce que vous voulez. Moi, je vous le demande. Pourquoi (appuyé, un temps) ? Je vais vous dire pourquoi... Cet accompagnement, même s'il ne produit pas directement du travail... alors, par contre, vous, vous n'êtes pas d'accord avec lui (avev Mr. L.), vous discutez avec lui. Lui, il écrit des choses qu'il n'invente pas. C'est peut-être excessif. C'est peut-être excessif ! On est sur la fin de notre entretien... Première chose : ne pas arrêter maintenant, en tout cas, le suivi avec l'association... Attention, si vous l'arrêtez, vous prendrez vos responsabilités. Parce que moi, je ne veux pas que vous arrêtiez sur un moment où, effectivement, il a dit des choses qui sont peut-être un peu abruptes...

Le pauvre. : Non, mais je veux dire, je pensais pas qu'il pensait ça de moi, quoi (ton de dépit)... J'ai pas compris pourquoi, subitement, il me sortait tout ça...

PB : Ben moi, je fais une hypothèse : comme il est un peu en rade et qu'il n'arrive pas à vous aider...

Le pauvre : Oui ! Non, non (voix très forte), je conçois... Mais c'est plutôt pour moi que c'est compliqué.

PB : Je dis... (parle pour Mr. L.) « je m'échine (appuyé) à essayer d'aider Le pauvre, mais il fait rien ». Ce qu'est pas vrai. Ce n'est pas vrai (ton rassurant)...

A : Par-contre, y a une petite phrase que je me disais, y a une porte qui serait bonne que vous poussiez...

Le pauvre: Quoi (ton las, voix basse) ?

A : En parallèle avec vos démarches avec l'iinformatique...

Le pauvre. : Hum, hum (ton las) ?

A : C'est la porte de Travail pour tous (Association intermédiaire). Vous connaissez pas Travail pour tous (devant l'indifférence lasse du pauvre) ?

Le pauvre : Si. Si, si (voix basse)... Mais je suis inscrit chez eux (sourire). D'ailleurs, ils m'avaient contacter pour travailler à la Bonne Banque pendant un mois, mais j'étais chez, euh... la Banque Prospère (dans laquelle il a exercé quelques temps, et à dû cessé son activité suite aux difficultés rencontrées par l'agence), comme par hasard (dépit)... de toute façon, c'est toujours comme ça, hein...

A : Oui (ton las et dubitatif)...

PB : Bon (ton conclusif), en tout cas...

Le pauvre : Non, mais je suis chez eux (Travail pour tous). J'ai travaillé longtemps pour eux...à la médecine du travail, d'ailleurs...

PB : Vous êtes... d'accord, vous êtes toujours inscrit dans... peut-être les rappeler en tout cas pour vous rappeler...

Le pauvre : À leur bon souvenir (sourire)...

PB : Ne pas arrêter maintenant l'accompagnement. Peut-être que vous l'arrêterez... Au moins, moi je veux que vous ayez, au moins un ou deux autres entretiens avec Mr L., avant d'arrêter...

A : Oui.

PB : De façon au moins à vous expliquer avec lui. Non, mais vous avez le droit de pas être d'accord. Vous avez le droit de contester ce qu'il dit, parce que ça ne correspond pas à la réalité. Mais vous n'arrêtez pas maintenant, pas tout de suite.

Le pauvre : « Contester », le mot est fort, mais bon...

PB : Pourquoi pas. Ne pas arrêter tout de suite.

Le pauvre : D'accord, OK (ton résigné, réprime des soupirs).

PB : Deuxième chose : lui demander justement, à la suite de notre entretien d'aujourd'hui, de dire : « voilà, les Affaires aux Subsides exigent aussi des choses de moi ». Et puis, ben peut-être qu'aujourd'hui aller vers un emploi de type alimentaire. Vous voyez ? Ce qui ne veut pas dire que vous renoncez complètement à votre projet, hein ?

Le pauvre : Ah non, c'est sûr !

PB : C'est sûr que non.

Le pauvre : Mais euh...

PB : Mais (appuyé, un temps) peut-être qu'il faut taffer un peu plus que deux mois par an...

Le pauvre : (léger rire de dépit, pousse une exclamation silencieuse) Dire ça... Ça me tue, ça (réprime un rire)...

PB : (en souriant) Oui, oui mais bon...

Le pauvre : Non, non, mais ce que vous dîtes, c'est... c'est mon objectif aussi (débit rapide), faut pas croire ! Moi, je suis heureux que quand je travaille, que je me dis : « bon, je me lève le matin, le soir je suis fatigué, je vois des gens »... non, faut pas croire hein...

PB : Je vous crois. Non, mais en plus je vous crois, je vous crois !

Le pauvre : Non, mais c'est vrai. Je dis pas ça, euh...

PB : Donc, donc, ne pas arrêter les entretiens avec Mr L. tout de suite. Je crois aussi que y faut faire feu de tout bois, c'est-à dire si vous trouvez même une petite mission ou quelque chose... Mais, je vous dis...

Le pauvre : Attendez, je fais de la mise sous pli administrative. On m'a pas imposé de dire oui, j'étais pas obligé de le faire...

PB : Et si dans quelques temps, on va dire dans quelques années...

A : Hum...

Le pauvre : Quoi ?

PB : Mais pas trop tardivement... si vous ne trouvez pas dans le domaine informatique, peut-être qu'il faudra, effectivement, aussi...

Le pauvre : « Quelques années » (dubitatif et vexé) ??

PB : Non, mais je sais pas moi, vous savez le temps passe très vite (ton ironique)...

Le pauvre : Ah, non, non, non, non (très appuyé). L'informatique, si ça avance pas avant la fin de l'été, moi je repars sur Remblais-les-Bains. Dès septembre, hein ! Ah non, non. Je vais pas attendre des années. Parce que là, la formation, elle est, entre guillemets, "fraîche" (sourire crispé)...

PB : Mais pourquoi vous ne continuez pas, vous n'essayez pas de prospecter tout de suite sur Remblais-les-Bains? Tout de suite ! Pourquoi....

Le pauvre : Ben, y a plein de choses (voix forte). Y a le prix du gazole, je sais pas, y a plein de choses. Je me dis, je vais me mettre dans le rouge... Parce que là, ça me coûtait 50, 60 euros par semaine quand même, en gazole, donc euh...

PB : Vous connaissez personne à Remblais-les-Bains ?

Le pauvre : Ben non. Ici, c'est ça aussi le problème. Ça évoluerait plus vite...

PB : Vous connaissez personne ? Vous avez des amis ?

Le pauvre : Si, si j'ai des amis (voix forte) mais personne qui pourrait être, euh...

PB : Qu'est-ce qu'ils pensent de votre situation, vos amis ?

Le pauvre : Ils comprennent pas non plus (baisse la voix)...

PB : Qu'est-ce qu'ils s'imaginent ?

Le pauvre : (Silence de 4 secondes) Je sais pas, je leur ai pas demandé...

PB : Vous leur avez jamais demandé ?

Le pauvre : Je préfère pas.

PB : Pourquoi ? Vous seriez peut-être déçu, surpris (en souriant) de (leurs réactions)...

Le pauvre : Voilà. Après j'aurai plus d'amis, donc, on va éviter de (éclat de rire du PB)... Non, non... Remblais-les-Bains... Si là, ça bouge pas dans les deux mois, notamment pour l'informatique, ben je repartirais à Remblais-les-Bains, hein, tant pis (soupir)... Parce que l'informatique, c'est vraiment ce que je veux faire. Je vais pas me relancer dans une autre formation, un truc... donc non, non. J'attends un peu ici. Mais je vais pas attendre des années, hein, comme vous dîtes, hein (silence)...

PB : Je sais pas...

Le pauvre : Je vais pas encore attendre huit ans. quoiqu'y a un recensement qu'arrive bientôt, mais euh... Non, non, là faut que ça bouge. Rapidement (silence)... Et je vais tout mettre en œuvre pour.

A : Ça vous coûterez combien ? Vous avez budgetisé un petit peu le fait d'aller prospecter à Remblais ? Surtout que là, c'est la bonne période, hein... Ça vous coûte combien par mois, une prospection pour votre travail sur Remblais ?

Le pauvre : Une prospection, c'est à dire, les frais ? Je vous dis si on compte 80 euros par semaine, rien que de gazole, ça fait 300 euros par mois, quoi.

A : Et en train ?

Le pauvre : Après, c'est compliqué parce que j'habite loin de la gare et puis là-bas, il faut le véhicule, mais euh... c'est, c'est jouable, je pourrais... là si la Bonne Banque n'avait pas euh... j'y serais encore, malgré tout, hein. Aussi, j'ai pas eu de chance avec la Bonne Banque, on peut le dire, hein.

A : Oui. Non, mais c'est vrai.

PB : Vous avez des économies ? (silence, surprise du Pauvre) Non, mais je suis pas de la police...

Le pauvre : Un petit peu quand même...

PB : Je suis pas inspecteur du fisc. Vous avez un peu d'économies ?

Le pauvre : Un petit peu, parce bon...

PB : C'est ce qui vous permet de...

Le pauvre : J'ai peu travaillé, mais bon... vue la situation, j'ai été gestionnaire. Donc c'est vrai que j'ai mis de l'argent de... enfin « de l'argent »... j'ai pas plus de 200 000 euros quand même (en souriant)... Ça fait contrôle, euh (éclat de rire du PB)...

PB : La question que je me pose, c'est est-ce que vous êtes dans... quand vous étiez avec votre père...

Le pauvre : Non, j'étais pas avec lui, hein, j'ai toujours été indépendant ici.

PB : Ah bon !

Le pauvre : Ah non, non, non.

PB : Je comprenais pas...

A : J'ai cru que vous habitiez avec votre père... je suis désolé (ton d'excuse).

PB : L'adresse, c'est chez vous ça ?

La pauvre : Ah oui, oui...

PB : Je pensais...

Le pauvre : J'ai toujours vécu tout seul dans cet appartement-là, non, non.

PB : Je pensais que... j'ai cru que vous viviez avec votre père à l'époque.

Le pauvre : Non parce qu'il était remarié. Donc, non, non.

PB : D'accord.

Le pauvre : Ah non, non du tout.

PB : On peut, hein, c'est pas (voix basse)...

A : Oui, c'est pas (voix basse)...

PB : Donc vous avez des économies. Donc la question que je me posais...

Le pauvre : Oui, enfin, « des économies »... pas tant que ça...

PB : C'est est-ce que... non, mais... est-ce que vous êtes dans l'obliga... Si vous n'aviez pas les Subsides, là, comment vous faîtes ? Vous n'avez plus de Subsides. On dit dans deux, trois mois, vous n'avez plus de Subsides... Comment vous faîtes ?

Le pauvre : Ben, ce serait compliqué, quoi... Ce serait surtout plus d'APL, en fait, mais euh...

PB : Vous avez des APL, là ?

Le pauvre : Heureusement.

PB : Donc, vous avez les APL, vous avez les Subsides... c'est pas beaucoup... Vous avez un peu d'économies (léger temps) finalement (appuyé)... C'est pas si grave que ça ? De pas travailler... Je vous provoque un peu, là.

Le pauvre : C'est à dire « c'est pas si grave » ?

PB : Ben finalement, peut-être que ça vous va comme ça vous, cette situation (baisse la voix)...

Le pauvre : Oh non, du tout (voix basse)... y en a beaucoup, oui, qui se complaisent, mais... pas moi (silence de 3 secondes)...

PB : (fixe l'épais dossier du Pauvre, qui donne des signes d'approbation) Bien-sûr, c'est plus compliqué. On pourrait dire... non, mais y a des tas de gens qui diraient : « depuis 2004, Le pauvre ! ».

Le pauvre : Arrêtez avec cette date (ton de supplique, sourire crispé) !

PB : Vous me comprenez ? Moi, je crois pas forcément (qu'il se complaît)...

Le pauvre : Non, mais déjà, je ferais pas les démarches, des formations... Je serais chez moi, je ferais pas la mise sous pli, et... distribution d'annuaires... le recensement...

PB : Mais Le pauvre, ça c'est des arguments si vous voulez, qui à la fois, peuvent être une espèce de soporifique pour les pouvoirs publics, allez...

Le pauvre : (en souriant, à l'attention de l'Assesseure) Dites-quelque chose ! Là, ça tourne mal (rires des trois)... Non, non. Du tout. Non, non, non, non ! J'ai passé toute ma vie au quartier des Pieds dans la vase (quartier stigmatisé d'ici)... c'est pas mon objectif du tout, du tout, du tout, quoi ! Croyez pas ça. Je commence à être nerveux, là. D'un coup (rire de défense, silence de 6 secondes)... C'est ce que vous croyez là, en fait ?

PB : Je sais pas, en fait, Le pauvre. Je ne sais pas (silence de 2 secondes)... Je ne sais pas ce que vous avez fait ou ce que vous n'avez pas fait pour, effectivement, être dans une situation qui, euh, moi me surprend un peu, même si... vous avez fait des tas de démarches, c'est tout à fait clair, hein. OK ? Mais vous comprenez qu'on puisse être surpris.

Le pauvre : Ah ben c'est...

PB : Voilà, c'est ça. Y a des personnes, moi je suis pas surpris, quand je les rencontre, je me dis : « ah, lala ! » (approbation de l'Assesseure), je vois dans quelle situation elles sont... un peu misérables, bon. Mais c'est vrai que vous, vous êtes un peu atypique (un temps) dans le paysage, euh, des Subsidiaires. Vous voyez. Un peu formé, un peu instruit, euh (silence, sourire)...

Le pauvre : Ah non, non, mais je comprends votre point de vue, mais euh...

A : C'est à dire que comme vous avez pas le feu aux trousses (sourire)...

Le pauvre : Mais si... non, quand je dis « économies », j'ai pas non plus, euh...

PB : Est-ce que vous prenez dedans ? Est-ce que vous tapez dans vos économies pour subvenir à certains de vos besoins ?

Le pauvre : Non.

PB : Vous les gardez...

Le pauvre : Oui, ben fait je les garde, par rapport à ce que j'ai une voiture qui est quand même... je me dis si y a un problème, des réparations, voilà. Mais j'ai pas des milliers d'euros, attention !

A : Vous faîtes jamais de demandes d'aide financière pour avoir...

Le pauvre : Enfin, je coûte déjà cher en formation, on va pas non plus... Mais non, non, je suis pas... riche, hein (rire du PB). J'ai pas d'économies, euh...

PB : Je vais vous dire, c'est pas le problème. Le problème...

Le pauvre : Sinon, j'aurais pas autant d'APL, j'aurais pas...

PB : Oui, non, non. Ça, ça veut rien dire du tout ! Alors, là ! Peut-être que économiquement aujourd'hui, vous n'êtes pas dans l'obligation absolue de trouver un taf, parce que finalement, vous avez trouvé un équilibre (en comptant sur les Subsides, appuyé, un temps)...

Le pauvre : Mais moi, de toute façon, si je cherche un taf comme vous dîtes, c'est même pas pour l'argent, dans un premier temps... attendez ! C'est pour déjà avoir une occupation, voir des gens, pas rester à rien faire... et que ça évolue ! Mais c'est pour l'argent aussi, mais euh (éclat de rire du PB)... Dîtes quelque chose, quand même (en souriant)...

A : Non, Le pauvre, c'est parce que je suis en train... J'entends bien ce que vous me dîtes et moi, euh, je travaille en grosse priorité avec des gens qui ont de réelles difficultés...

Le pauvre : Oui, non mais moi, dans un premier temps, ce serait voir des gens, avoir une occupation, quoi. Voilà, se lever le matin, avoir des horaires...

PB : Moi, en ce qui me concerne, je travaille avant tout (un temps, appuyé), pas uniquement, mais avant tout pour le salaire. Moi, si j'étais pas obligé de travailler, j'ai des tas d'occupations, des choses à faire que j'arrive pas à faire à cause du temps qui manque... Donc, je bosse mais parce que je suis obligé... Mais là, vous venez de dire un truc important, c'est pas contre vous !

Le pauvre : Déjà, on aurait dû s'arrêter y a un quart d'heure... Dans un premier temps, l'objectif, c'est de travailler, quoi. Y a que là où je suis heureux, je vois du monde...

PB : Alors trouvez-le, Le pauvre. Faites-le. Faites-le.

Le pauvre : (signe d'impuissance) Moi, j'attends l'opportunité, hein (ton de défense).

PB : Oui, mais il faut se la créer aussi.

Le pauvre : Ah, mais je créer, puisque je vous dis, je postule à... plein de choses.

PB : Oui, mais vous entendez... vous êtes en train de nous dire malgré vous, c'est que finalement vous n'avez pas le feu aux fesses (baisse la voix).

Le pauvre : Si ! Non, enfin (embarras)...

PB : Non. Non, non, mais on peut se le dire ça ! On peut se le dire (ton rassurant). C'est pas, je veux dire...

Le pauvre : Non mais c'est vrai que financièrement, bon, je suis tout seul, machin, j'ai pas un train de vie énorme, et autre...

PB : Non, non, mais oui.

Le pauvre : C'est vrai que bon, je pourrais m'en passer (se reprend, en réalisant ce qu'il vient de dire)... putain, c'est pas bon, là (en souriant)... Enfin bon, ça change rien, quoi (rire).

PB : Vous pourriez vous passer des Subsides (débit vif et rapide) ? Vous comprenez ce que je veux vous dire... et ça me donne raison dans le fait d'avoir fait cet entretien. Je ne dis pas que vous êtes un peu, euh... vous avez peut-être vraiment envie de trouver un taf pour justement, avoir des relations avec des gens...

Le pauvre : Voilà, pour sortir de...

PB : Pour sortir de vos trucs, on est OK. Mais ce que vous venez de dire, qui va ensemble. C'est pas... L'un n'est pas exclusif de l'autre. Ça va ensemble. Y a une information générale, autour de : « Le pauvre il aimerait bien en trouver du taf pour avoir plus d'argent, pour avoir des relations avec des gens (un temps) »... et c'est vrai, et c'est vrai ! En tout cas, moi je le crois ! Mais dans le même temps, ce n'est pas une obligation absolue, comme, effectivement, si demain (appuyé, un temps), mais ce qu'est pas le cas... même dans trois semaines, dans deux mois... Par-contre, si vous n’aviez pas les Subsides, là, du coup, c'est une obligation de travailler. C'est plus pareil. Vous comprenez ? Donc c'est plus du tout pareil. C'est à dire : « comment je fais pour croûter demain ? ». Ben : « je grignote mes économies, mais comme elles sont pas si", euh...

Le pauvre: Extensibles...

PB : Donc vous comprenez... c'est que moi, le boulot que je fais qu'est un peu difficile, là, c'est qu'à la fois je vous rappelle vos... j'essaye de vous aider. Je vous rappelle vos droits et devoirs, en tant que Subsidiaire. Et c'est vrai que moi, après, je fais un boulot. C'est à dire que si moi, dans les... au renouvellement des Subsides... J'aurais effectivement eu un contact avec Mr. L. parce que je l’appellerai... ça fait partie de mon taf. C'est le côté moins sympa de mon boulot... Mais moi, je vais jusqu'au bout. La question c'est pas de vous saquer (appuyé), c'est pas de vous détruire, absolument pas. Jamais. Mais la question c'est de vous dire : « écoutez Le pauvre : d'accord, vous dîtes que vous trouvez pas, mais moi je considère que vous cherchez un peu mollement ». Je pourrais, effectivement, vous le dire.

Le pauvre : Non, non. Bien-sûr.

PB : Et donc, on considère, quand on présentera votre dossier, moi je dirai : « Le pauvre, ben effectivement, il a un bon niveau, il sait faire des trucs. Il s'est formé. Et puis, il y arrive pas. C'est à cause de quoi ? Ben peut-être que Le pauvre il est pas super dans l'obligation de trouver du travail, parce qu'après tout, euh... ». Et la preuve en est, ça fait depuis huit ans, ça tient le coup. Non, mais ça tient le coup. Vous n'êtes pas dans une situation très dégradée, ça se voit (fait référence à la mise relativement soignée du Pauvre).

Le pauvre : J'aurai dû mettre des haillons...

PB : « En haillons » (léger rire)... sans blagues ?

Le pauvre : Non, mais enfin moi trouver un emploi, c'est surtout mentalement, quoi, voilà.

PB : Hum.

Le pauvre : Pas rester isolé, chez moi, à perdre mon temps. Voir des gens, toujours dire : « ah ben nan, je cherche toujours, ça bouge pas ». Mais y a l'argent aussi, c'est évident, mais bon. C'est pas le moteur premier, si on peut dire, parce que j'arrive à m'en sortir, grâce à l'APL et les Subsides, quoi. Mais en ayant une vie de moine aussi, hein ! Parce que faut pas croire que...

PB : Mais je m'en doute, vous rigolez, je sais... Mais en même temps, euh, l'APL, je vous rappelle, vous le savez, que l'APL et les Subsides, c'est aussi les impôts des contribuables... vous voyez ?

Le pauvre : Je suis conscient que je suis assisté quand même, euh, oui, oui !

PB : C'est pas un reproche, simplement, c'est aussi d'où... comment dire ? D'où l'intérêt... Sortir de l'assistanat, c'est aussi motivant, moi je trouve que c'est moteur.

Le pauvre : Mais moi j'attends que ça, hein !

PB : Oui, mais vous l'attendez.

Le pauvre : Non !

PB : Vous l'attendez.

Le pauvre : Non, non, non. J'essaie de provoquer aussi quand même la chose !

PB : Peut-être qu'il faut le faire de façon plus... plus explicite. Plus... intensive... On va s'arrêter Le pauvre, hein. Ça va aller pour aujourd'hui (léger rire) !

Le pauvre : Oui, parce que je sens que demain, je vais être convoqué aux impôts...

PB : Non...Vous me dîtes que vous avez quelques économies, moi si vous voulez, ça me fait rien, je veux dire... De toute façon, le problème des Subsides, c'est que si vous avez un compte quelque part... qui effectivement, vous rapporte de l'argent, si vous avez beaucoup d'argent placé... non, mais je dis beaucoup, c'est un gros paquet...

Le pauvre : Oui, oui...

PB : Et que effectivement si vous aviez du patrimoine, de l'immobilier, des choses comme ça, et que ça rapporte de l'argent, effectivement, ça viendrait en déduction de vos Subsides. Attention aussi, effectivement, vous n'êtes pas à l'abri d'un contrôle aléatoire sur vos comptes...

Le pauvre : Ah, mais j'ai rien à cacher.

PB : Si vous avez quelques économies, c'est pas le problème. C'est pas parce que vous cinq ou dix mille euros d'économies que pour autant votre situation est florissante. Ça n'a rien à voir... Vous avez... thésaurisé un peu pour faire face à un problème. Je vous parle de votre motivation, en fait. Et je vous parle des freins, vous voyez... Et j'espère que vous allez pouvoir en faire quelque chose pour vous, dans votre intérêt. Moi, je vais vous dire Le pauvre : des Subsides de plus ou de moins, pour moi, ça change absolument rien. Pour les Affaires aux Subsides, c'est pas le problème. Mais... c'est en terme de dignité aussi

Le pauvre : Voilà.

A : Faudrait pas que vous passiez toute votre existence aux Subsides.

Mr. J : Ah ben, non. Non, non. C'est pas du tout l'objectif, faut pas croire !

A : Non mais au bout de dix ans, c'est vrai que... le Bureau des Subsides s'interroge à juste titre, pour les gens. Plus pour les gens que pour lui, quoi.

Le pauvre : Non, mais ça, je le comprend très, très bien, hein. C'est évident.

A : Mais c'est vrai qu'avec le beau temps, ré-insister sur la prospection du côté de Remblais-les-Bains, même si ça vous coûte un peu d'argent.

PB : Si vous avez un peu d'économies... par exemple, vous pourriez être stratégique. Vous avez un peu d'économies, vous voulez les garder en cas de coup dur, d'accord. Mais vous pouvez bien dépenser, pas y aller tous les jours, mais peut-être, sur un mois, faire un effort, dire : « moi je dépense un peu d'argent, une semaine, ou deux, trois jours par ci, par là »... Et ça veut dire (claque des doigts) que le jour où vous allez décrocher votre job, moi je suis tout à fait...on fera une demande et on vous filera 300 euros, pour commencer, parce que ça s'appelle un forfait, si vous trouvez un job, où on vous... alors, ça dépend du statut que vous aurez, hein... du statut de l'emploi.

Le pauvre : J'avais rien eu l'autre fois...

PB : Ben on vous a donné 2100 euros, Le pauvre....

Mr. J : Oui, non, pour le transport.

PB : Ah d'accord. C'est pas mal, quand même, 2100 euros.

Le pauvre : Oui, oui, non, c'était généreux ! Non, non !

PB : C'est pas « généreux », vous avez droit à des... Non, mais je veux dire vous pouvez compter sur nous (appuyé, un temps)... sur nous, pour que si effectivement, vous trouvez quelque chose... Moi, je suis partant pour qu'on vous aide. Peut-être que vous, vous pouvez faire un petit effort de votre côté...

Le pauvre : Oui, oui.


PB : Si vous êtes sûr de vous à Remblais-les-Bains... D'ailleurs, la seule manière de savoir, c'est d'essayer...

A : C'est d'y aller, oui, ça c'est sûr.

PB : On verra bien. Vous avez un certain nombre d'atouts. C'est vrai, vous avez un peu d'humour, vous êtes... Attention à l'humour quand même, des fois, quand on est face à un employeur... Mais je vous dis, la seule manière de savoir, c'est d'y aller.

Le pauvre: Non mais, je vous dis, là, j'attends un peu ici pour voir les agences et autres...

PB : Oui, excusez-moi, mais vous avez déjà un peu essayer, mais bon...

Le pauvre : Mais je pense qu'ici y aura rien, donc ça va être Remblais... ou je ne sais quoi.

PB : Ben peut-être une autre région mais prenez le temps si vous avez peu d'économies. Alors pas de dépenser tout là-dedans, mais ça vaut le coup sur Z., sur Remblais...

Mr. J : Peut-être pas Z....

PB : Ben sur Y. ! Tiens voilà, Y. ! Une ville qui bouge beaucoup, où y a beaucoup de monde, beaucoup d'activités...

Le pauvre : Voilà, Y., U., ou autres, mais euh c'est que bon, ici, depuis le temps que je suis là, y a rien qui bouge quoi... c'est vraiment effrayant quoi... je sais pas si j'ai la poisse ou le mauvais œil ici, mais honnêtement, hein...


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