SPHERE
Je pensais ma pensée tout à fait
sphérique, d’un volume fixe et établi. Mais ses contours, eux, sont très loin
d’être fixes et établis. C’es de l’élastique, du chewing-gum, du caoutchouté.
Et la sphère, loin d’être obéissante à des
liens logiques, avec des causes qui provoquent des conséquences
Des considérant, des attendus
Des développements
Des sous-développements
La sphère connaît de fortes variations de
volumes et sa surface est floue.
C’est comme les jeux à bulles de savon des
petits enfants :
Ca fait souvent une grosse sphère centrale
qui guide la trajectoire dominante
Mais où d’autres sphères, plus grosses,
plus petites
Excroissances de la sphère centrale
Se superposent
Se surajoutent
Se gonflent ou éclatent selon la
configuration dans laquelle le tout se trouve.
Les sphères adjacentes se nourrissent en
absorbant l’air de la sphère centrale de départ et la déplace ainsi sans cesse.
Ca décolle vers le ciel
Ca roule sur les surfaces planes
Ca heurte
Ca rebondit sur les formes concaves
Ca pète au sol
C’est poussé contre les murs, entre les
murs, sous les murs
Ca veut s’échapper, ça cherche l’autonomie
et ça bute et rebute.
C’est comme la pensée.
Des éléments a priori non désirés, non
souhaités, tout à fait étrangers et qui pourtant viennent se coller à l’idée de
départ qu’on croyait avoir dans sa pensée.
Et donc ça bifurque, ça perfore et le
volume de départ n’est plus du tout le même.
Ca monte, descend, vrille, élargit ou
rétrécit.
C’est qu’en fait il y a des sous-sphères
dans la sphère.
Par exemple, il y a la sous-sphère où tout
le relationnel vient se loger.
Il faut bien voir que la sphère traverse
le corps entier.
Qu’elle ne se loge pas dans la tête.
La structure de la sphère et des
sous-sphères est molle, en mouvement constant
Comme un cachet effervescent qui ne veut
pas rester au fond du verre et fondre tranquillement et puis nous foutre la
paix.
Si je me mêle à un groupe d’humains qui
danse,
Ma sous-sphère du relationnel vient se
loger D’un coup dans l’estomac
Et je vomis.
Si je me mêle à un groupe d’humains
irréguliers qui vit dans l’ancien atelier à bobines
Ouvert aux quatre vents et tout infecté,
Qu’ils sont illégalement entassés
là-dedans,
Avec six gamins sans godasse et dont
l’aire de jeux, c’est le trottoir
Et qu’un beau jour ont leur en mur l’accès
avec des parpaings bien durs,
Ma sous-sphère du relationnel vient se
loger dans le cœur et dans les yeux
Et je pleure.
Entrent alors en piste la sous-sphère de
la compassion
Suivie de près par la sous-sphère de la
colère.
La sous-sphère de la colère peut se loger
dans la mâchoire
Si on est verbeux, éventuellement sur le
bout de la langue
La sous-sphère de la colère peut aussi
venir picoter le bout des doigts
Elle peut faire fermer le poing.
On peut alors retourner les poings
Je veux dire mettre les paumes face au
ciel
Et on peut voir toutes les sous-sphères
qui cognent dans les veines devenues énormes
Et qui battent et qui pulsent.
Il arrive que des sous-sphères soumettent
la sphère à de fortes dépressions.
Alors : soit on continue à serrer les
mâchoires, ou les poings, ou les deux, enfin les quatre ;
Soit on taille dans les veines et on
solutionne l’insoluble problème de la sphère et des sous-sphères car on vous
met dans une caisse, dont le volume à été lui, préétabli. et donc on le
connaît. Enfin, pas vous.
Et puis on recouvre de terre.
C’est quand même bien plus clair.
Chouette
RépondreSupprimerMerci Stéphane.
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