L'aube mouillée frigorifie les corps
Lumière lavasse qui vrille tout autour
Par grappes entières nous atterrissons là
Permanences de médecine d'urgence
Beaucoup de bleus au kilomètre
Presque ce bleu des nuits traversées dans la terreur ravalée
Qui vrille tout, dedans
Coquilles de noix à l'arrivée compromise incertaine
Précaire et non désirée
Les festins et les places, mirages – se dérobent
Différés – Temps élastique de l'immigration toute fraîche
Aspirations coulées par le fond
Maigres subsides d'une charité chichement arbitrée
Perfides suspicions de dysenterie – vrille abdomen océan de douleurs sorti d'un nuancier
Oubli des corps vivants et morts sur l'embarcation
Toute vicieuse et exsangue de promiscuité
Barbelés biens raides hérissés sur leurs côtes
Leurs côtes
Leurs cerveaux
Leurs regards
La bienséance retenue et polie des grands
La haine bien comprise des petits
Flash des tueries dans le temple
Mais là-bas chez moi, j'enseignais
Lui là-bas chez nous, il opérait
Ici des loqueteux sous des tentes des cartons dans la pestilence
Depuis l'enfance, nous rêvions de la belle Europe
Son regard cherche à nous dissuader
Elle sort la comptabilité les frontières les cars et leurs bleus
Organisation de la stagnation, de la persuasion
Du provisoire permanent
Au commencement du voyage, de l'exaltation pourtant
Le bruit des pas étouffés par notre sable, là-bas
Suivre la voix prometteuse
C'est un brutal déclassement une non-perspective à présent
Sur ce chemin des viols, des coups, des cris, de la terreur
Des enfants morts, secs comme du vieux bois
Des massacres pour une montre marchandable
Ici, on fait des calembours sur la libre circulation des personnes et des capitaux
Ô comparses serez-vous aussi vifs, volatils,
Aussi rieur qu'un petit capital qui passe et repasse leur côte ?
Seulement trois mois que nous sommes là
On nous propose un emplacement le long d'un de leurs périphériques
Telle est notre place
Le Royaume des pauvres
Les pauvres de qui ?
Lancinants, les entrechats de la mort convoyée par leurs soins
J'ai alors envoyé les enfants demander l'aumône
La cendre recouvre ma tête
Je suis de ce flux
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