Bientôt la ville
crissera drue sous les soubresauts de la vie ordinaire.
Solitaires ou par grappes, ils se dirigent vers leurs obligations.
Tous convergent à un moment sur la grande place, aérée les autres
jours mais qui ce matin verra se finaliser la traditionnelle
patinoire. Alors, le pas un moment contrarié par de nouveaux
contours, on lève rapidement le nez et on bifurque en gardant le
point de mire.
La mairie Empire rénovée
brille déjà de tous ses feux, quelques élus se préparent avant
l'inauguration depuis des semaines annoncée.
Sombres mines des garçons
de café au périmètre ainsi rétréci et qui se farciront dans les
jambes la multitude des enfants bouillonnants, glissants sur la glace
artificielle et hurlants, avec les parents encourageants tapants du
talon pour faire déguerpir le baiser du froid et qui prendront les
boissons chaudes au stand quasi-gratuit et plus chez eux.
À la terrasse du café
de la paix, on verra passer une guerre. Celle des courses de Noël,
celle de la barba-papa trop chère, celle des parkings bondés, celle
des listes de cadeaux à faire tombées des poches, celle des vins
chauds trop vite bus qui montent à la tête mais l'édile arrive et
en claquant la portière réajuste cravate et sourire. Sert quelques
mains. Regard surplombant son œuvre et sa cité, il a refusé des
postes nationaux. Proche des gens, il s'en flatte. Il ne voit pas
ceux qui passent et le dévisagent avec la taxe d'habitation encore
au travers de la gorge. Il a repéré là-bas l'estrade où il
montera, avec les apôtres du compromis, pour dire à ses si chers
concitoyens que.
Le grand mouvement en
étoile vers les points de mire se disperse. Les engeances
s'apprêtent à oeuvrer en se saluant du menton, chacune depuis son
coin. Les fractions fumeuses pactisent un court instant. Tu vas bien.
Frisquet. T'as vu combien ça coûte cette année tu veux du feu on
est convoqué pour les résultats de l'audit. Banquiers agents
immobiliers chambres consulaires cher maître à 10h20 dans mon
cabinet c'est entendu madame le juge je vous faxe l'enquête de
personnalité.
Valse des vitrines à
louer vendre changement d'enseigne de propriétaire avec tous ces
travaux le punk avec son chien rote après la gorgée inaugurale et
regarde dédaigneux le flot des lycéens qui se déverse de la ligne
15 pas fait les fonctions pourtant facile
èfehicksyégaltroisquatrevingtneuf. T'as vu comment il t'a regardé
non mais tu vois rien sérieux ! En descendant, mais si.
Mets-toi à côté de lui pour les groupes d'anglais. Dans trois
jours vous êtes ensembles. C'est vraiment de pouffiasses celles-ci,
oui, t'as vu les notes qu'elles ont eues et quand elles lisent on
dirait qu'elles comprennent pas ouais carrément. Le troupeau en slim
et brûlant de toutes ses hormones s'engouffre mollement derrière la
grille du lycée. devra se contenter de rêver sa vie.
D'autres poussent soupir
en pénétrant dans l'open-space enfin c'est mieux je trouve que
d'être comme celle d'en face en équilibre faire la vitrine de Noël
oh m'aurait pas déplu d'être dans les fringues attends à Noël
c'est dinnngue le monde qu'ils ont oui mais faut sans cesse refaire
les piles et la patronne c'est une sacrée connasse il paraît c'est
pour ça qu'elles restent jamais longtemps
Pousser la porte de
l'Église
Mettre le crissement derrière soi.
Pardonnez-moi, Seigneur.
Je ne les aime plus.
Mettre le crissement derrière soi.
Pardonnez-moi, Seigneur.
Je ne les aime plus.
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