mardi 13 août 2019

Sphère



SPHERE



Je pensais ma pensée tout à fait sphérique, d’un volume fixe et établi. Mais ses contours, eux, sont très loin d’être fixes et établis. C’es de l’élastique, du chewing-gum, du caoutchouté.

Et la sphère, loin d’être obéissante à des liens logiques, avec des causes qui provoquent des conséquences

Des considérant, des attendus

Des développements

Des sous-développements

La sphère connaît de fortes variations de volumes et sa surface est floue.

C’est comme les jeux à bulles de savon des petits enfants :

Ca fait souvent une grosse sphère centrale qui guide la trajectoire dominante

Mais où d’autres sphères, plus grosses, plus petites

Excroissances de la sphère centrale

Se superposent

Se surajoutent

Se gonflent ou éclatent selon la configuration dans laquelle le tout se trouve.



Les sphères adjacentes se nourrissent en absorbant l’air de la sphère centrale de départ et la déplace ainsi sans cesse.

Ca décolle vers le ciel

Ca roule sur les surfaces planes

Ca heurte

Ca rebondit sur les formes concaves

Ca pète au sol

C’est poussé contre les murs, entre les murs, sous les murs



Ca veut s’échapper, ça cherche l’autonomie et ça bute et rebute.

C’est comme la pensée.

Des éléments a priori non désirés, non souhaités, tout à fait étrangers et qui pourtant viennent se coller à l’idée de départ qu’on croyait avoir dans sa pensée.

Et donc ça bifurque, ça perfore et le volume de départ n’est plus du tout le même.

Ca monte, descend, vrille, élargit ou rétrécit.



C’est qu’en fait il y a des sous-sphères dans la sphère.

Par exemple, il y a la sous-sphère où tout le relationnel vient se loger.

Il faut bien voir que la sphère traverse le corps entier.

Qu’elle ne se loge pas dans la tête.

La structure de la sphère et des sous-sphères est molle, en mouvement constant

Comme un cachet effervescent qui ne veut pas rester au fond du verre et fondre tranquillement et puis nous foutre la paix.



Si je me mêle à un groupe d’humains qui danse,

Ma sous-sphère du relationnel vient se loger D’un coup dans l’estomac

Et je vomis.

Si je me mêle à un groupe d’humains irréguliers qui vit dans l’ancien atelier à bobines

Ouvert aux quatre vents et tout infecté,

Qu’ils sont illégalement entassés là-dedans,

Avec six gamins sans godasse et dont l’aire de jeux, c’est le trottoir

Et qu’un beau jour ont leur en mur l’accès avec des parpaings bien durs,

Ma sous-sphère du relationnel vient se loger dans le cœur et dans les yeux

Et je pleure.



Entrent alors en piste la sous-sphère de la compassion

Suivie de près par la sous-sphère de la colère.



La sous-sphère de la colère peut se loger dans la mâchoire

Si on est verbeux, éventuellement sur le bout de la langue

La sous-sphère de la colère peut aussi venir picoter le bout des doigts

Elle peut faire fermer le poing.

On peut alors retourner les poings

Je veux dire mettre les paumes face au ciel

Et on peut voir toutes les sous-sphères qui cognent dans les veines devenues énormes

Et qui battent et qui pulsent.

Il arrive que des sous-sphères soumettent la sphère à de fortes dépressions.



Alors : soit on continue à serrer les mâchoires, ou les poings, ou les deux, enfin les quatre ;

Soit on taille dans les veines et on solutionne l’insoluble problème de la sphère et des sous-sphères car on vous met dans une caisse, dont le volume à été lui, préétabli. et donc on le connaît. Enfin, pas vous.

Et puis on recouvre de terre.

C’est quand même bien plus clair.

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